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que reposent les restes de cet homme extraordinaire ; mais cette assertion est contredite par un passage formel du Livre des Juges où il est dit (ch. XVI, v. 31) que Samson, après sa mort, fut emporté par ses frères et toute sa parenté, et enseveli entre Saraa et Esthaol dans le sépulcre de son père Manue. J'ai retrouvé l'emplacement de ce tombeau, comme je le montrerai ailleurs, à l'endroit même qui est marqué dans la Bible.

On m'a montré aussi, comme à tous les autres voyageurs, le lieu où, d'après la tradition, se serait élevé jadis le temple de Dagon que Samson fit écrouler en secouant les deux colonnes qui en soutenaient le centre, et qui dans sa chute, en le faisant périr lui-même, écrasa en même temps trois mille Philistins. L'emplacement assigné par les habitants à cet édifice est aujourd'hui couvert de broussailles et de décombres, au milieu desquelles on remarque plusieurs tronçons de colonnes de granit.

J'ai dit que la plupart des maisons du Haret-edDaredj étaient bâties en pierre; celles, au contraire, des autres quartiers ou des faubourgs sont presque toutes en briques crues et cuites seulement au soleil. Les mosquées seules et les oualys sont en pierre.

Le Haret-es-Sedjaieh est l'un des plus populeux; les bazars en sont bien fournis. J'y visite deux mosquées : l'une, appelée Djama-Baiazeh, est ornée d'un assez gracieux minaret; de nombreux marbres antiques ont été employés dans sa construction. La seconde porte le nom de Djama-Abou-el-Othman. La cour qui la précède est entourée de portiques à arcades ogivales et pavée avec de belles dalles antiques, soit en pierre, soit en marbre. Quant à la mosquée elle-même, elle forme

deux nefs que séparent de puissantes arcades ogivales. Deux autres mosquées dans lesquelles je suis entré en parcourant les autres quartiers de Gaza m'ont offert pareillement divers débris d'antiquité.

Outre ces mosquées, Gaza possède une quantité d'oualys ou sanctuaires consacrés à des santons et contenant pour la plupart leurs cendres. Ils renferment tous intérieurement soit des tronçons de colonnes en marbre ou en granit, soit des plaques de marbre mutilées, soit des fragments de bases, de chapiteaux et d'architraves.

Il en est de même des vastes cimetières qui s'étendent autour de la ville. Les débris antiques y abondent, et la plupart des tombes musulmanes qui les remplissent sont ornées de ces précieux restes, arrachés à des monuments divers, totalement détruits.

Enfin, les puits qui sont disséminés dans les nombreux jardins dont Gaza est environnée montrent, presque sans exception, de semblables vestiges d'antiquité, et en particulier des fûts de colonnes intacts ou brisés autour de leur orifice, ainsi que dans la construction des auges et des bassins qui les avoisinent.

En un mot, les yeux des voyageurs sont partout frappés par la vue d'innombrables débris d'une ancienne splendeur pour toujours, sans doute, éclipsée. V. GUÉRIN.

LE BASSIN DU FLEUVE BLANC.

APERÇU

GÉOGRAPHIQUE, HYDROGRAPHIQUE ET ETHNOLOGIQUE

DES CONTRÉES BAIGNÉES PAR CE FLEUVE DEPUIS LES RÉGIONS ÉQUATORIALES
JUSQU'À SON Confluent aveg LE BAHR-EL-AZREQ OU FLEUVE BLEU
D'APRÈS LES OBSERVATIONS PERSONNELLES DES VOYAGEURS MODERNES
ET LES RENSEIGNEMENTS FOURNIS PAR LES INDIGÈNES,

Entre toutes les questions qui se rattachent au Nil, qui oserait nier que celle dont l'origine de ce fleuve immense est l'objet revendique en sa faveur un intérêt de prédilection? Aussi, l'une des premières places parmi les plus célèbres explorateurs a-t-elle toujours été réservée à quiconque pourrait déterminer cette origine si longtemps cherchée, si longtemps discutée, de manière à exclure toute espèce d'incertitude et à désarmer la critique la plus sévère. Toutefois, combien de pionniers, quoique plus modestes dans leurs prétentions comme dans leur but, joignant à ce zèle intrépide que stimulent les obstacles, loin de le rebuter, des connaissances spéciales propres à rehausser le mérite de leur entreprise et à en centupler les utiles résultats, ont parcouru ou parcourent encore en ce moment les rives du Nil-Blanc et les contrées adjacentes, en sorte que, sauf des lacunes plus ou moins considé rables qu'on ne saurait éviter et qui ne peuvent manquer d'être comblées tôt ou tard, nous pouvons dès à

présent nous former une idée aussi exacte que possible des vastes régions arrosées par le Nil et ses nombreux affluents! et nous ne l'aurons pas due, cette idée, aux impressions fugitives d'un simple touriste : les succès obtenus par les Peney, les Lejean, les Heuglin, les Steudner, les Kotschy, les Cuny, les Baker, etc., sont dus, au contraire, à de laborieuses investigations, à des études sérieuses auxquelles ils se sont constamment appliqués en prenant uniquement pour guide le flambeau de la science. En vain réclamerait-on contre les légères erreurs qui se seraient glissées soit dans leurs appréciations, soit dans la valeur par eux attribuée à certains noms propres de pays ou de tribus: ces erreurs n'ayant que peu de durée, attendu que les relations des uns et des autres se contrôlent mutuellement, et que d'ailleurs il ne s'agit point ici de ces écrivains empyriques dont le principal objet consiste à satisfaire une vaine curiosité par des récits merveilleux aux dépens même de la vérité. Les noms que nous venons de citer, auxquels on pourrait ajouter bien d'autres noms encore, appartiennent à des hommes graves dont la véracité ne saurait être révoquée en doute, pas plus que leur bonne foi ne peut être suspectée lorsqu'il leur est échappé quelques inexactitudes. Quant aux enclaves des pays qu'ils ont explorés, et au delà desquels il ne leur a pas été permis de pénétrer, ils ont su s'entourer d'informations nombreuses en puisant aux sources qui leur ont semblé les moins équivoques. Aux géographes exercés en ce genre de critique il appartient de comparer entre eux ces renseignements divers pour en tirer des données utiles, en attendant que d'autres voyageurs puissent se trouver à portée de reconnaître leur bien ou mal fondé. Il y a, nous en

conviendrons, beaucoup à rabattre des descriptions, la plupart du temps emphatiques, faites par les Arabes et les indigènes; cependant leurs itinéraires ont été trouvés le plus souvent conformes à la réalité. Il suffit, pour s'en convaincre, de comparer l'une des routes indiquées à Browne, le découvreur du Dar-Four, avec celle que suivit Kotschy pour se rendre au Kordofan. Quoi qu'il en soit, il nous a semblé devoir, dans l'intérêt de la science elle-même, et afin de mieux faire ressortir toute leur importance, coordonner en les réunissant dans un seul tableau les observations des voyageurs modernes sur les différentes parties du bassin du Nil-Blanc qu'ils ont visitées, ainsi que les renseignements relatifs aux contrées voisines qu'ils ont pu se procurer dans le cours de leurs pérégrinations.

GÉNÉRALITÉS.

Le Bahr-el-Abiad, ou fleuve Blanc, qui sort du lac Victoria-Nyanza, à 19 minutes environ au nord de l'équateur, pour se diriger vers Khartoum sous les 15. 36' de latitude nord et 27° 80' de longitude est de Paris où il se réunit au Nil-Bleu, le Bahr-el-Azreq des Arabes, reçoit les eaux d'une vaste région dont la longueur comprend 16° 55′ de latitude, ou 1,015 milles géographiques, et dont la plus grande largeur paraît être au moins de 10 degrés, ou 600 milles géographiques. Ce bassin immense a pour limites, à l'ouest, la partie occidentale du Dâr-Four, les pays situés à l'ouest du Dâr-Fertit et des Kredj, celui qu'occupent les Nyamanyam, les terres entièrement inconnues que baigne, à l'est, le lac M'woutan ou Albert-Nyanza, celles qui bornent dans la même direction l'Unyoro,

Février 1866. Tome I.

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