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LETTRES

SUR

has 5. ed.

18.81 10

LE NORD

(Danemark, Suède, Norvège, Laponie et Spitzberg)

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N.-J. GREGOIR, V. WOUTERS ET C, IMPRIMEURS-LIBRAIRES,

BUE D'ASSAUT, 8.

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Il n'a paru jusqu'à présent que bien peu d'ouvrages français sur l'histoire et les antiquités des royaumes scandinaves, moins encore sur la nature même et les mœurs de cette vaste contrée. Depuis Regnard, aucun de nos compatriotes, si l'on en excepte M. Ampère, n'a parlé des Lapons; depuis le bon et naïf et savant abbé Outhier, le compagnon de Maupertuis, personne parmi nous n'a publié des voyages en Suède, si ce n'est M. Daumont, éditeur d'un recueil de documents assez curieux qu'il a malheureusement noyés dans un style indigeste. Nous devons aux étrangers les meilleures notions qui 、aient jamais été publiées sur le Nord; à l'Italien Acerbi un récit de voyage assez attrayant malgré sa forfanterie, et assez instructif malgré ses erreurs; au géologue allemand M. de Buch un excellent livre traduit par M. Eyriès; à ses compatriotes Arndt et Schubert des itinéraires un peu longs et monotones, mais pleins de détails précis et curieux; à M. Haring deux petits volumes très-spirituels; au capitaine Parry le journal de l'exploration la plus hardie et la plus septentrionale qui ait été faite jusqu'à présent; à M. Laing un ouvrage fort judicieux sur la Norvège; à Capell Brook une relation étendue, intéressante, mais mutilée sans pitié dans l'Abrégé des Voyages de M. Albert de Montémont; à MM. Molbech, Keilhau, Blom, Zetterstedt, et plusieurs autres savants norvégiens et suédois, des narrations habiles, des renseignemens précieux.

Tous ces ouvrages étant pour la plupart très-peu connus en France ou complétement ignorés, il en résulte qu'après les laborieuses explorations du siècle passé et du siècle actuel, nous en sommes encore, à l'égard des contrées septentrionales, à peu près au même point de vue

que nos ancêtres. Je me rappelle bien que lorsque j'ai commencé à parler des Lapons dans des termes moins rigoureux qu'on ne l'avait fait précédemment, j'ai surpris de côté et d'autre un regard d'incrédulité, et que, quand j'ai dépeint le Spitzberg comme une île de rocs et de neige sans habitants et sans arbres, j'ai vu plus d'une fois errer sur les lèvres de mes auditeurs ce sourire de la science satisfaite qui veut dire: C'est bien. Il vous plaît de gloser ainsi, mais nous savons à quoi nous en tenir.

J'avais besoin de ce préliminaire pour justifier en quelque sorte l'apparition d'un nouveau livre dans un temps où le public demande tant de journaux et si peu de livres. Si une œuvre, entreprise avec amour, préparée par des études spéciales, et achevée sur les lieux mêmes qui en font le sujet, a droit à quelque faveur, j'ose réclamer un tel droit pour celle-ci. En 1836, après avoir vu l'Allemagne, je m'embarquais sur la Recherche avec MM. Gaimard, Lottin, Mayer, Robert, Anglès et Bévalet, pour visiter l'Islande, cette terre curieuse qui a si bien conservé les mœurs, la langue, les traditions historiques des anciens hommes du Nord. En 1837, je parcourais le Danemark, une partie de la Suède et de la Norvège. En 1838, j'étais à Stockholm, quand M. le ministre de la marine voulut bien m'adjoindre à l'expédition scientifique chargée d'explorer les parages scandinaves. Je traversai toute la Norvège pour rejoindre la corvette à Drontheim; je m'arrêtai au cap Nord et je revins en France avec mes compagnons de voyage par la Laponie, la Finlande, la Suède, que je parcourus alors dans toute sa longueur, et par l'Allemagne. Enfin, en 1839, j'obtins encore la permission de m'embarquer sur la Recherche. Cette fois nous visitâmes les Féröe, le Spitzberg, et nous franchîmes de nouveau les montagnes et les marais de la Laponie. Ma pensée constante depuis plusieurs années était de rapporter à mon pays une peinture de ces contrées si belles et si sauvages, si grandioses et si peu connues, un tableau de leur génie littéraire et de leur histoire. Si le talent m'a manqué pour décrire dans toute son étendue et sa variété cette immense arène où je m'élançais avec le fervent abandon de la jeunesse, au moins la volonté n'a pas failli. Je n'en suis encore qu'au début de ma tâche, je me sens la force de la continuer.

Quelques personnes, en lisant les différentes pages de cet ouvrage publiées d'abord dans la Revue des deux Mondes et dans la Revue de Paris, m'ont reproché de n'y avoir pas mis assez de faits étranges et

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