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ils sont dans la plus haute tenue, portent dans leurs cheveux toutes sortes de marques en bois, pour indiquer leurs blessures et leurs exploits. C'est ainsi que Mato-Tope avait attaché en travers, dans sa chevelure, un couteau de bois, peint en rouge; c'était l'emblème du couteau avec lequel il avait tué un chef chayenne; il portait en outre six petites brochettes en bois, pour indiquer le nombre de coups de feu dont il avait été blessé. Pour marquer la blessure d'une flèche, il attachait dans ses cheveux une plume de coq d'Inde fendue. Son visage était peint moitié en rouge et moitié en jaune, et son corps en rouge brun, avec des raies où la couleur avait été enlevée au moyen d'un doigt mouillé. Ses bras, à compter de l'épaule, étaient ornés de dixsept raies jaunes, indiquant le nombre de ses hauts faits, et sur sa poitrine il avait dessiné, avec de la couleur jaune, une main, ce qui annonçait qu'il avait fait des prisonniers. Quand les Mandans sont en deuil, ils se blanchissent le visage et les cheveux. Les femmes et les enfants ne font que se peindre la figure en rouge; les cheveux conservent leur couleur naturelle. Dans les fêtes et les danses, quand les jeunes gens veulent paraître très-beaux, ils se peignent chacun d'une façon différente et s'efforcent à l'envi d'inventer quelque chose de nouveau. Quand un d'entre eux en trouve un autre qui s'est peint de la même manière que lui, il s'éloigne sur-le-champ pour aller changer quelque chose à son dessin, ce qui a lieu quelquefois à trois ou quatre reprises à la

même fête. Quand ils ont fait un coup, ils se peignent tout le visage en noir. La principale partie de leur costume est la grande robe de bison, appelée Mahitou ou Mih-Ihé, dans la décoration de laquelle ils déploient un grand luxe. Quand le temps est sec, ils portent ces peaux de bison avec le poil en dedans, et quand il pleut, avec le poil en dehors; elles sont tannées du côté de la chair, ornées en travers d'un cordon de grains de verre bleus ou blancs, auquel se rattachent ordinairement trois rosettes rondes, tantôt petites, tantôt très-grandes, placées à distances égales et de la même manière, formant du reste des dessins divers et élégants. Le centre est souvent rouge et le tour bleu de ciel, avec des figures blanches, ou bien ces mêmes couleurs sont différemment disposées. Parmi ces robes, il y en a aussi qui, du côté de la chair, présentent des figures noires sur un fond rouge brun; ces figures sont surtout celles d'animaux; d'autres encore représentent en noir ou en couleurs brillantes, sur un fond blanc, les coups et exploits du propriétaire de la robe, ses blessures, le sang qu'il a perdu, les hommes qu'il a tués ou faits prisonniers; les armes qu'il a prises, les chevaux qu'il a volés, dont le nombre est indiqué par celui des fers. Ils ont encore une autre manière de peindre ces robes, par laquelle ils indiquent, au moyen d'hieroglyphes, le nombre exact des objets de valeur qu'ils ont donnés en présents. Par ces présents, qui sont souvent d'un grand prix, ils se font un nom et acquièrent de la considé

ration parmi leurs compatriotes. Les Indiens peignaient autrefois ces robes avec plus de soin qu'aujourd'hui, et on les obtenait pour cinq balles de fusil et autant de charges de poudre; à présent, au contraire, elles sont plus mal faites, ce qui ne les empêche pas de coûter huit à dix dollars pièce. Une robe bien peinte vaut deux robes unies.

Leurs leggings ou culottes s'attachent avec des courroies à la ceinture de cuir, et consistent, comme chez tous les Américains du Nord, en deux parties séparées, une pour chaque jambe. Le vêtement que les Anglais appellent Breechcloth est d'usage parmi eux, comme chez toutes les nations de l'Amérique septentrionale. Il se compose en général de morceaux d'étoffe de laine, étroite et rayée de blanc et de noir, qu'ils font passer entre les jambes et puis sous la ceinture par devant et par derrière, où elle retombe dans toute sa largeur. Leurs souliers (Humpé), de peau de cerf ou de bison, sont généralement simples et peu ornés; toutefois, quand ils veulent se parer, ils en portent de plus élégants, qui alors sont brodés avec des rosettes ou de longues raies de piquants de porc-épic de différentes couleurs ou avec des grains de verre. Les hommes qui ont fait un coup portent autour de la cheville une queue de loup qui traîne par terre derrière cux, ou bien des lanières de peau de loutre garnies de drap rouge du côté de la chair, et formant aussi une longue queue par terre. Dans l'été, quand les hommes sont chez eux et qu'ils se promènent en grande

toilette, ils portent à la main un éventail de plumes d'aigle.

Les enfants mâles vont communément nus, et ne se couvrent d'une robe qu'en hiver. Les filles sont vêtues de cuir même en été. Les femmes portent un long vêtement de cuir, à manches ouvertes, et une ceinture autour du corps. Le bas de cette robe est souvent découpé et frangé de différentes manières. Elles s'ornent le poignet de bracelets de fer, et le cou de colliers de grains de verre ; elles portent aussi des pendants d'oreille. Leurs culottes, que les Canadiens appellent des mitassis, sont courtes et ne vont que depuis la cheville jusqu'au genou. Les souliers des femmes sont unis et sans ornements.

Le tatouage est d'usage chez ces peuples; mais tous ne portent pas, à beaucoup près, les mêmes figures sur le corps. Ordinairement il n'y a que le côté droit de la poitrine et les muscles du bras correspondant qui soient marqués de lignes noires parallèles et d'un petit nombre d'autres figures, quelquefois aussi l'avant-bras et quelques doigts. Les hommes ne se tatouent pas le visage.

Maintenant que nous venons de donner une juste idée de l'extérieur de ces Indiens, il est temps de nous occuper de leurs demeures, de leurs villages et de leur vie domestique. Leurs villages sont des agglomérations, plus ou moins considérables, de cabanes en terre, rangées sans aucun ordre ou régularité quelconque. Le plus grand a de 150 à 200 pieds de diamètre; sa circonférence extérieure pré

sente un cercle un peu irrégulier; il était autrefois entouré de palissades, mais qui manquent aujourd'hui en beaucoup d'endroits, parce qu'on les a brûlées dans les temps froids. En quatre endroits, et à des distances à peu près égales, il y a autant de flèches ou de bastions en terre garnis de meurtrières et recouverts au dehors et au dedans de branches de saule entrelacées; ils forment un angle, et la gorge en est ouverte du côté du village. Les cabanes dont les villages se composent, sont très-rapprochées, et laissent au centre un emplacement vide, d'environ 60 pieds de diamètre, au milieu duquel on a érigé l'arche du premier homme, dont je parlerai plus tard. C'est un cylindre petit, rond, formé de larges planches de quatre à cinq pieds de haut, ouvert par en haut; les planches sont enfoncées en terre et entourées de plantes rampantes ou de rameaux flexibles, pour les maintenir réunies.

Sur le côté septentrional de la place se trouve la loge de médecine, dans laquelle on célèbre les fêtes, et où il se passe quelques cérémonies qui se rattachent aux idées religieuses de ce peuple. Sur un mát élevé on a placé une figure faite de peaux, avec une tête de bois, un visage noir et un bonnet de fourrure garni de plumes. Cette figure représente le mauvais esprit. On remarque dans ces villages encore quelques figures bizarres en osier recouvert de peaux et suspendues au haut de grands mâts; ce sont, pour la plupart, des offrandes faites à la Divinité. Entre les cabanes, il y a un grand nombre

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