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dessus de Pêtniêk; cependant il est si rapide, que l'animal a beaucoup de peine à se tenir sur ses jambes pendant le trajet.

Quand l'Amou est bien plein, les canaux qui en sont dérivés se remplissent aussi : alors on peut arroser suffisamment les champs et les jardins, et la récolte est abondante; si, au contraire, l'eau manque, le pays éprouve une disette. En 1804, par exemple, les Khiviens furent réduits aux extrémités les plus fâcheuses par la sécheresse et la mauvaise récolte qui s'ensuivit, et des épidémies ravagèrent le pays.

L'Amou ne reçoit pas un seul affluent dans toute l'étendue de la Khivie; mais de sa rive occidentale ou gauche se détache, à 10 verst au-dessous de Kouja, un bras nommé le Kara-Ousek, profond de cinq brasses, large de deux cents, et assez rapide ; les Karakalpaks y entretiennent des bateaux pour passer les voyageurs. A 5 verst au nord de l'embouchure de ce bras, s'élève l'Irnek, montagne devant laquelle il passe; puis il va dans l'At-Ioul, lac éloigné de 5 verst de Koungrat, et revient dans l'Amou.

Ce fleuve envoie dans le Kara-Ousek plusieurs autres bras qu'il ne faut pas confondre avec des canaux, puisqu'ils coulent dans des lits naturels et non creusés par la main des hommes.

D'après les observations de M. Helmersen, l'Amou roule pendant sa crue une quantité extraordinaire de vase d'une couleur gris-foncé, d'une consistance com

pacte, et qui n'est pas du tout fertile. Comme sa vitesse est moins considérable dans les canaux que dans son lit ordinaire, souvent il les remplit en peu de temps d'une couche épaisse de cette bourbe, qu'il ne peut plus tenir en dissolution; quand on nettoie les canaux, on la jette sur leurs bords, ou bien on la porte dans des endroits où l'on s'en sert pour exhausser les cours qui entourent les habitations et pour préserver les maisons des inondations.

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Les Khiviens sont fermement persuadés que l'Amou se jetait autrefois dans la mer Caspienne. On peut observer l'ancien lit du fleuve sur différents points, entre les canaux de Kasavat et de Chavat, et entre ceux d'Iermich, qui est un des petits, et de Klytch-bey; ils sont dirigés de l'est à l'ouest et remplis d'un sable fin, peut-être de sable mobile. Au temps de la crue de l'Amou et des canaux, on conduit les eaux surabondantes dans ces portions de lit abandonnées elles sont donc plus basses que la ligne de niveau du fleuve et des canaux. Les eaux abondantes entraînent, pendant la crue, une masse prodigieuse de détritus, dont la plus grande partie est vraisemblablement portée aux bouches du fleuve; elle doit promptement les obstruer et augmenter considérablement le delta. Le terrain, généralement très-bas, et de grandes îles plates dans les environs de ces bouches, rappellent ici les phénomènes du même genre qui sont si connus, et que l'on peut observer sur une échelle plus ou moins grande, à l'embouchure d'un nombre infini de fleuves.

Mais ce n'est pas seulement en arrivant à la mer d'Aral, c'est aussi dans la partie inférieure de son cours que l'Amou dépose des détritus, et, de même que le Pô, élève peu à peu le fond de son lit. Toutes les rivières qui, semblables à l'Amou, coulent dans un pays uni, ont une tendance à changer fréquemment la direction de leur lit, d'après les causes énoncées précédemment : il est donc hors de doute que la rivière de Khiva a subi des altérations de ce genre. Les Khiviens disent que la décadence du Vieil-Ourghendj vient de ce que le bras de l'Amou sur lequel cette ville était située a été ensablé et a perdu son eau. Tous les renseignements relatifs à l'ancien cours de ce fleuve sont, à la vérité, incomplets; cependant on ne voit pas de motif suffisant de nier qu'il ait porté ses eaux à la Caspienne, opinion soutenue dans les temps modernes. Les témoignages de plusieurs Khiviens et de Russes revenus du khanat s'accordent sur un point : c'est qu'entre Khiva et la mer Caspienne, dans le voisinage des cavités qui indiquent l'ancien lit de l'Amou, à peu près à 300 verst à l'est de la baie de Balkan, on rencontre des restes d'aqueducs, de fortifications et de maisons, construits en briques. Ces débris, qui valent la peine d'être examinés et décrits plus en détail, annoncent que cette contrée, maintenant aride et déserte, fut autrefois cultivée.

Le canal principal est le Khan-Iab (canal du Khan) : il commence au-dessous de la ville de Khanka, et se dirige à l'ouest vers Khiva; il en passe à un demiverst de distance; on le traverse là sur un pont en

pierre, pour prendre le chemin d'Ourghendj. Au delà de Khiva, il se partage en plusieurs bras; tous aboutissent aux lacs, dont les uns se perdent dans les sables, et d'autres se prolongent vers la frontière persane.

Ce canal est large de huit brasses et profond de deux et demie. De grands bateaux font la navigation entre Khanka et Khiva; au temps de la crue des eaux, on les hale péniblement à la cordelle, à cause de la rapidité du courant; son entrée du côté de l'Amou, est pourvue d'une digue et d'une écluse. Les habitants de Khanka sont exempts d'impôts, à condition d'entretenir à leurs frais ces ouvrages, afin de préserver les lieux bas des inondations à l'époque des hautes eaux.

Le canal de Kasavat est dérivé de l'Amou, 5 verstes au-dessus d'Ourghendj; il passe par KouchKoupyr, Kasavat et Ilgheldi, et se perd dans des lacs dont les bords sont habités par des Turcomans de la tribu d'Ioumoud. Depuis quelque temps on a conduit de ces lacs à Keuné-Ourghendj, ville ancienne, un canal sur les bords duquel des Turcomans se sont établis. Le canal de Kasavat est large de douze brasses, profond de quatre, et rapide; de gros bateaux chargés de sel le parcourent jusqu'à Kasavat.

Le canal de Chavat commence à 3 verst au-dessus d'Ourghendj, passe à Chavat et à Anbar, et débouche dans les mêmes lacs que le précédent : il a également une pente considérable et à peu près une largeur semblable; les bateaux ne vont que jusqu'à

Chavat, parce que plus loin les ponts deviennent trop

nombreux.

Le canal de Hésarasb (Asaris), au sud de celui du Khan, commence à 5 verst de la ville de même nom, passe à Ianaryk, au village d'Astana, et débouche dans les lacs. Il n'a que sept brasses de longueur et deux de profondeur; les bateaux ne vont que jusqu'à Ianaryk.

Le canal de Pêtniêk se sépare de l'Amou à un demi-verst de cette ville, parcourt une distance de 50 verst, et se termine aux lacs : il a les mêmes dimensions que le précédent.

Le canal de Maljenghil ou Ianghy - Iab n'a été creusé qu'en 1825. Il commence à 10 verst au-dessous d'Ourghendj, a un cours très-lent de 55 verst, passe par plusieurs villages, et finit aux lacs.

Indépendamment de ces canaux principaux, il y en a beaucoup de plus petits, desquels on dérive des rigoles pour arroser les champs et les jardins. Sur la rive droite de l'Amou, on voit aussi des canaux, tels que ceux de Maïkhor, d'Inak et d'Elteser-Khana ; il paraît même que la partie cultivée de la Khivie n'est pas bornée par le fleuve, mais qu'elle s'étend au delà de ses bords. Les canaux de ce côté sont un peu plus profonds que ceux de la rive gauche, parce qu'à l'est de l'Amou le terrain monte, tandis qu'à l'ouest il va en descendant. Les canaux et les fossés sont fréquemment bordés d'allées d'arbres, que l'on ménage soigneusement parce que leur bois est quelquefois employé pour la charpente.

Novembre 1841. TOME IV.

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