Billeder på siden
PDF
ePub

Les canaux sont curés tous les ans : alors on ferme par des écluses ceux qui ont des digues, on barre ceux qui n'en ont pas par des levées en terre, afin qu'ils puissent rester à sec. Ce qui a été dit du courant des canaux ne s'applique qu'au temps de la crue des eaux; ordinairement elles sont très-basses et n'ont que peu de vitesse: on donne aux pentes de chaque côté une direction oblique, mais on ne les consolide pas, non plus que la berge.

Les propriétaires des terres qui profitent de l'eau des canaux sont tenus de fournir des ouvriers pour les creuser et les curer; le nombre en est déterminé par l'étendue de la possession. On rassemble les ouvriers de tout le pays pour procéder à la cure du canal de Khiva, et le travail est terminé en trois jours; tandis que, pour les autres, cette besogne dure quelquefois un mois entier. Comme elle exige de grands efforts et l'obligation de toujours être dans la vase, elle occasionne la mort de beaucoup d'ouvriers; elle n'est effectuée que par les malheureux prisonniers. Quiconque n'a pas d'esclaves fournit un affranchi. Si un propriétaire n'envoie personne, il perd le droit de se servir du canal.

A peu près à 70 milles au-dessous de Koungrat, on voit dans le voisinage du lac Aral un fossé long d'à peu près dix brasses, large de trois, et sans eau. Les Karakalpaks racontent qu'il se prolonge jusqu'à la mer Caspienne; ses côtés sont escarpés; il est fermé par une levée en terre revêtue d'herbes. Dans toute la Khivie, on ne voit pas de grands

chemins : dans les cantons où beaucoup d'arbas, qui sont des charrettes à deux roues, vont et viennent, les routes ressemblent à celles de Russie; ailleurs, ce ne sont que des sentiers étroits pour les gens à cheval. Au printemps, la terre est quelquefois tellement amollie, que, dans plusieurs endroits, les arbas ne peuvent avancer qu'à grand'peine; mais comme on voyage généralement à cheval, la boue n'est pas profonde. Dans les villes, les rues sont très-sales: c'est pourquoi à Khiva on y répand du sable. Les champs, qui occupent la plus grande partie du pays, sont entourés de fossés ; ce qui met souvent dans l'impossibilité d'éviter les mauvais passages d'une route quand on n'a pas pris avec soi une pelle pour remplir le fossé, afin de faire un détour à travers le champ. En été, les voitures vont aisément partout.

Sur les routes principales, on passe les canaux sur des ponts que les villages voisins entretiennent; à l'exception de celui de Khiva, qui fut bâti en 1815, tous sont en bois. Dans le temps de la crue des eaux, on les enlève pendant cinq jours. Ceux des petits canaux consistent simplement en solives qui vont d'un bord à l'autre, et que l'on recouvre de planches posées transversalement, Pour passer l'Amou, on se sert de bons bateaux; les meilleurs appartiennent au khan et aux principaux personnages du pays : ils peuvent porter jusqu'à seize chameaux. On place les marchandises aux deux extrémités. Dans le cas d'une campagne contre la Boukharie, on les emploie au transport des vivres, et on y construit deux fours pour

cuire le pain. Les planches dont on bâtit ces embarcations n'ont qu'une brasse de long; on les attache ensemble avec des crampons de fer; les fentes sont bouchées avec de l'étoupe que l'on enduit d'huile bouillie. On compte un millier de ces bateaux en Khivie. Dans un temps de guerre, quiconque en possède doit les prêter au gouvernement.

On voit près du mont Ayjoumour, à peu près à 40 verst au sud de Keuné - Ourghendj, sur la route des caravanes de Khiva, un marais tremblant; on l'a coupé par une levée en terre, afin que les chameaux puissent le traverser sans danger. Les environs étant très-bas, elle est souvent inondée par l'Amou. A l'ouest de cette levée, il y a un petit lac et des terres cultivées; mais tout l'espace entre la levée et le fleuve est souvent couvert par l'eau, et rendu stérile par le limon qu'elle a déposé. Cet enfoncement se termine à une montagne à laquelle les chameaux ne peuvent arriver: ce qui a obligé de construire la levée.

Kovyrsine nomme et décrit soixante-quinze lieux habités en Khivie. Voici les principaux :

Khiva, capitale du pays et résidence du khan, est à 45 verst d'Ourghendj, à 50 de l'Amou, à 95 de Koungrat, près de la frontière occidentale, sur le canal du Khan; elle est située sur un terrain bas et fertile, et entourée de murs en grande partie écroulés; on compte dans leur intérieur 700 maisons, en dehors 1,500; de nombreux jardins l'environnent. Le palais du khan, bâti en pisé, de même que la plupart

:

des habitations, est sur une éminence pierreuse, et certainement une des plus misérables demeures princières. En 1825, il fut, à l'admiration de toute la population, pourvu par les prisonniers russes de deux fenêtres vitrées. Les seuls édifices en briques sont trois mosquées, une école (médressé) et un caravanséraï; les mosquées sont vieilles la plus considérable a ses murs et sa couverture en pisé, et est sans toit, comme une demeure ordinaire; les murs sont revêtus en dehors d'une couche d'argile blanche, et en dedans on y a ajouté de la sculpture; un minaret, haut de cinquante brasses, en briques émaillées, a été récemment élevé près de cette mosquée; les autres n'en ont pas. La mosquée de Pehlouvêne-Ata est en briques revêtues d'un enduit peint en vert, et surmontée d'une coupole dorée. On y y conserve des reliques; elle ne peut être fréquentée que par l'ichan (1) ( imam ) et le khan.

Le caravanséraï est voûté: il fut construit par Ivan Saïtzoff, Cosaque du stanitza d'Ostrovnoï, qui, enlevé en 1822 par les Kirghiz, fut vendu à Khiva,

Du temps de Mohamed Amin-Inak, fut bâti le médressé, qui est voûté.

Les rues sont, comme dans les autres villes, tortueuses et si étroites, qu'un chameau chargé n'y

(1) Terme respectueux dont on se sert en désignant les khojas et autres personnes attachées au service de Dieu, et en leur adressant la parole (Voyage de Burnes, Paris, chez Arthus Bertrand.

peut passer qu'avec peine. Les habitants forment un composé de différentes nations, et s'occupent généralement du commerce. Il existe des règlements pour le maintien de l'ordre et de la sûreté; mais il paraît qu'ils sont assez mal observés. Par exemple, il y a des gardes aux portes de la ville, et on conduit sans obstacle par-dessus les murs en ruines les chevaux volés.

Hesarab (Asarys)(1), à 33 verst au sud-est de Khiva, sur une hauteur, est entouré d'un bon mur en pierre et a environ 600 maisons. La population se compose d'Ouzbeks, de Sarts, et d'esclaves persans affranchis; Hesarab envoie des caravanes en Boukharie, en Perse et en Russie.

Ourghendj, entouré d'un mur et comptant à peu près 500 maisons, est sur un terrain si bas, à 3 verst de l'Amou, qu'une partie est souvent inondée, mais si fertile qu'on le paye très-cher. Cette ville était autrefois la plus commerçante du pays. Son caravanséraï est vide depuis que l'on a construit celui de Khiva; sa population est semblable à celle de Hesarab.

Durmen, petite ville à 47 verst à l'est de Khiva, est habitée par des Ouigours surnommés Iaman Ouigour (mauvais Ouigours). En 1809, tous ceux du khanat se révoltèrent, furent rigoureusement châtiés, et plusieurs, notamment les plus considérables, mis à mort. Sultan-Khan, précédem

(1) Khizarist de Mouravieff; pag. 212; Azaris d'Ermann, P.

51.

« ForrigeFortsæt »