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ment chef des Kouklên tribu turcomane de la mer Caspienne, fut nommé commandant de ces Ouigours ; ils lui payent des redevances et font pour lui des corvées ; il ne partage pas ses recettes avec le khan. Ces Ouigours parlent le turc, s'habillent comme les Ouzbeks, sont grossiers et brutaux. Autrefois brigands farouches, ils sont aujourd'hui laboureurs, parce que le commerce leur est interdit. Ils ne peuvent pas même quitter le territoire de leurs villes, tant on redoute leur caractère singulièrement querelleur. En temps de guerre, on n'en emploie qu'un petit nombre. Durmen n'a pas de jardins. A peu de distance est Ouigour, dont Mohamed Rahim fit abattre les murs, en défendant expressément de les relever.

Ioumourou, petite ville sur l'Amou, est remarquable par une montagne du même nom qui s'élève dans son voisinage à une hauteur considérable; elle a une forme conique et est composée d'argile et de petites pierres, ce qui fait supposer qu'elle doit son origine à la main des hommes.

Karatal est habité par des Ouzbeks; ils prennent soin des bateaux du khan, sur lesquels on passe l'Amou. Ils ne payent pas d'impôts directs; ils fournissent du sel au khan, et font le service militaire : en retour, ils perçoivent les droits de passage et ceux du commerce du sel et du bois. Le sel est apporté de la partie supérieure du fleuve, le bois de sa partie inférieure.

Khousenli, lieu considérable dans le nord du

khanat, et dans le voisinage de l'Amou, a, chaque semaine, un marché que fréquentent les Kirghiz et les Turcomans.

Koungrat, sur l'Amou, à 80 verst au-dessus de son embouchure, est sur un terrain bas, sujet aux inondations : elles ont détruit ses murs. Les Ouzbeks qui l'habitaient l'ont abandonnée et vivent aujourd'hui dans les environs, sous des tentes, de la culture des terres, de la pêche et de la chasse. L'excellente qualité des pâturages leur permet d'élever beaucoup de bétail : en hiver ils le nourrissent du foin qu'ils ont fauché. Tout le territoire entre Khousenli et Koungrat est couvert de broussailles qui abondent en perdrix. La maison du khan est habitée par des concierges et des esclaves. La plupart des autres villes du khanat ressemblent aux précédentes : quelques-unes sont entièrement abandonnées ; d'autres, telles que Keuné Ourghendj (Vieil-Ourghendj), complétement ruinées. Près des murs de celle-ci, on voit le tombeau d'un santon musulman, où vit un vieux cheikh. La population est plus ou moins mélangée d'Ouzbeks, d'Ouigours, de Sarts, de Persans affranchis, parfois de Karakalpaks et de Turcomans. Quand ces villes sont dans un terrain peu fertile, elles n'ont pas de jardins ; il y en a dont les sables ont envahi une portion; d'autres sont préservées de ce fléau par les petits lacs qui les avoisinent; d'autres, malgré leur situation basse, ne souffrent pas des inondations.

Ilgheldi, sur le canal de Chavat, à 12 verst à

l'ouest de cette ville et à 30 de l'Amou, est remarquable par le séjour forcé que Mouravieff y fit (1); depuis ce temps elle s'est agrandie. Malgré le terrain sablonneux, les jardins sont très-beaux.

Le nombre total des maisons des villes et des tentes habitées autour de leurs murs est de 22,330 dans toute la Khivie : il y faut ajouter beaucoup de maisons éparses. Elles sont généralement bâties en terre battue ou en argile. C'est seulement dans les endroits exposés aux inondations qu'on cherche à leur donner plus de solidité, en plaçant en haut et en bas un cadre en bois; on appuie sur celui-ci de minces solives qui supportent celui du haut et sont enduites d'un mélange de terre et de paille; on pose ensuite des poutres en travers sur le haut; on place pardessus des lattes que l'on couvre de nattes en roseaux, et on revêt celles-ci de terre sèche. On laisse au milieu de ce toit une ouverture carrée, pour donner passage à la fumée et à la vapeur du charbon. On ferme ordinairement ce trou avec un grillage en bois, de crainte des voleurs.

Il n'y a que les gens riches qui enduisent de terre les parois intérieures de leurs maisons et y font sculpter ou attacher des ornements; on laisse celles du dehors dans leur état primitif. L'usage des fenêtres est inconnu; rarement une seconde ouverture est pratiquée dans les parois. Les portes sont en planches, sans gonds ni pentures; ces planches, jointes ensemble, coulent dans deux rainures longi(1) Voyage en Turcomanie, p. 123, etc.

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tudinales et saillantes; l'inférieure entre dans le seuil, la supérieure passe dans les solives transversales. Il y a aujourd'hui chez le khan des portes avec des gonds et des pentures. Chaque maison n'a qu'une seule pièce, de la grandeur de la chambre d'un paysan russe. Les gens riches en ont une suite unies ensemble par une galerie; une porte donne entrée dans chacune elles ne communiquent pas l'une avec l'autre par une seconde porte. La terre battue sert de plancher; elle est, suivant les facultés du propriétaire, couverte de nattes ou de tapis. Au milieu de la chambre on voit un trou en été on y place une espèce de table, sur laquelle un tapis pend jusqu'en bas; en hiver, cette cavité est remplie de charbons ardents, et on passe ses pieds sous le tapis pour les chauffer. Un poêle à la russe placé chez le khan n'a pas satisfait sa hautesse, parce qu'il répand trop de chaleur.

Chaque maison est bâtie au fond de la cour et appuyée contre les bâtiments du voisin; la cour est entourée d'un mur en terre, qui supporte un toit joignant celui de la maison. De chaque côté de celleci on pose des toits plats sur des piliers de bois : c'est parce que beaucoup de gens, surtout les riches, qui habitent des tentes de feutre, les dressent tout contre cette porte.

Habitants.

Les Ouzbeks forment la classe dominante de la population : le khan en fait partie; cependant ils ne

jouissent d'aucun privilége particulier, et servent sans exception dans l'armée. Ils sont fiers de leur origine, braves, brutaux, méchants, vindicatifs ; mais ils tiennent leur parole, et payent consciencieusement leurs dettes. Ils traitent inhumainement leurs esclaves, n'apprennent rien, sont entêtés, querelleurs, impies, vont rarement à la mosquée, dérobent et volent. A l'exception de ceux de Koungrat, ils demeurent dans des maisons, et en été, dans leurs terres, sous des tentes, mais ne mènent pas la vie nomade. Ceux de Koungrat, au contraire, sont nomades comme les Kirghiz, et n'ont pas de maisons.

Les Ouigours sont, comme les Ouzbeks, de race turque. Leur turbulence et leurs méfaits les ont fait réduire à peu près à la servitude, ainsi qu'il a été dit plus haut. Maintenant ils sont tranquilles, mais beaucoup ont émigré en Boukharie. Leur costume est celui des Ouzbeks.

Les Turcomans (1) habitent les frontières occidentales de la Khivie, sous des tentes. Ces nomades se coiffent d'un bonnet de peau d'agneau, dont le haut est en drap rouge, comme ceux des Cosaques russes. Leurs chefs, par considération pour le khan, mettent quelquefois, pour peu de temps, le bonnet khivien. Leurs habits sont justes à la taille et ne descen

(1) KLAPROTH dit qu'il est difficile de bien déterminer l'origine des Turcomans. Ils sont de race turque. Leurs tribus traversèrent l'Oxus aux x1o et xe siècle, et vinrent dans le Khoraçan. Ceux qui vivent à l'O. de la mer Caspienne sont, pour la plupart, sou. mis aux khans de Khiya, de Ferganah et de Boukhara. (Asia polyglotta, page 217.)

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