Billeder på siden
PDF
ePub

:

On n'élève en Khivie que des dromadaires ou chameaux à une bosse; on en distingue deux variétés, le nar et l'irkek, en kirghiz liuk. Le nar est trèsgrand, ordinairement de couleur rouge jaunâtre, et porte plus d'une fois autant qu'un chameau kirghiz; on en voit aussi de blancs, mais, par une longue marche, ceux-ci ont bientôt les pieds endommagés. Un nar ordinaire coûte de vingt à trente tillahs; un blanc, de quinze à dix-sept. Ces animaux sont méchants, surtout dans le temps du rut; alors ils mordent souvent c'est pourquoi on leur lie les mâchoires, de manière cependant à ne pas les empêcher de manger. L'irkek est plus petit que le nar, et cependant plus grand que le chameau kirghiz; il ne porte que vingt pouds, néanmoins il supporte également bien la faim pendant six jours, et la soif pendant dix. Le nar et l'irkek sont bien plus sensibles au froid que les chameaux, et en hiver on les enveloppe également de couvertures de feutre. Ils vivent vingt ans ; on les nourrit principalement de plantes de kounja dont on a exprimé l'huile; quand on veut engraisser un animal maigre, on lui en donne journellement douze livres et demie; ils mangent toute espèce d'herbe. La femelle est aussi forte et plus légère que le mâle.

Chaque Khivien possède au moins un de ces animaux pour transporter son bois et son charbon. Le khan et les gens riches en ont beaucoup.

On emploie les ânes à porter de l'eau ; on en a rarement plus de deux. On en voit chez les gens riches une espèce particulière.

Les Khiviens ont peu de gros bétail; il ressemble à celui de la ligne d'Orenbourg; il est acheté chez les Karakalpaks. Le lait des vaches est employé, et les bœufs sont attelés à la charrue : on ne se sert des chevaux pour cet usage que dans un cas de nécessité.

Les moutons de Khivic sont absolument pareils à ceux de Russie; ils sont, de même que les bœufs, achetés chez les Karakalpaks, et sont très-rares. Des moutons noirs arabes sont amenés de Boukharie; on ne se les procure qu'à cause de leur toison: on sait que l'on en fait des bonnets, dont un seul coûte trois tillahs. On mange les moutons kirghiz; leur chair se paye treize kopeks la livre, et celle de bœuf seulement dix.

On rencontre en Khivie deux espèces de poulets, la petite ordinaire et celle de Boukharie. Quant aux dindons, aux oies et aux canards, on n'en voit que dans la basse-cour du khan. Le territoire de Koungrat abonde en oiseaux aquatiques de plusieurs espèces; les oiseaux terrestres sont rares. Les Khiviens ont des lévriers pour la chasse et des chiens domestiques. Les Kirghiz viennent vendre en Khivie des faucons et des aigles dressés pour la chasse; ils les tirent de chez les Bachkirs. Les loups, les renards, les lièvres, fréquentent en petit nombre le voisinage de l'Amou on aperçoit quelquefois des tigres dans les environs de Koungrat. L'Amou abonde en excellents poissons, tels que brêmes, brochets, carpes, perches, aprons (zingel asper, Cuvier), sevrughi, ossestry et lotes. J'ai déjà remarqué que les Karakal

paks seuls en mangeaient beaucoup : en cas de nécessité, on donne au gros bétail de petits poissons secs en guise de fourrage.

L'animal le plus nécessaire et le plus utile aux Khiviens est le cheval. Les beaux chevaux turcomans connus sous le nom d'argamaks méritent une attention particulière et une description détaillée : c'est une race particulière que l'on ne trouve dans toute sa pureté que chez les Turcomans. Ces chevaux sont grands et bien faits, mais ils ont le poitrail étroit, les oreilles un peu grandes et la queue peu touffue; ils sont ordinairement gris et rarement noirs. Généralement ils ne sont pas indociles; cependant les juments sont méchantes, mordent et ruent. Quand un argamak s'échappe, il ne va pas loin; il revient de lui-même chez son maître. Il court avec une grande vitesse, et se fatigue bientôt ; quand il a parcouru cinq verst, le cavalier est obligé de descendre et de le mener en marchant à deux cents pas plus loin ; lorsqu'il remonte en selle, l'argamak va plus vite qu'auparavant on peut, de cette manière, lui faire franchir cent verst en vingt-quatre heures, et même quatre cents en trois jours. A l'écurie ou au dehors, il est tenu par une corde qui passe par un anneau attaché à un piquet de fer. Les Khiviens sont persuadés que les Turcomans seuls s'entendent à bien soigner cette espèce de chevaux; c'est pourquoi le khan et les principaux personnages du pays confient

leurs meilleurs coureurs à des Turcomans: ceux-ci reçoivent, au lieu de salaire, les prix que ces che

vaux ont gagnés à la course. On ménage singulièrement ces argamaks; on ne les monte presque que pour la guerre, et même, dans ce cas, les Turcomans enfourchent leurs chameaux, d'autres leurs chevaux ordinaires, et mènent les argamaks en laisse jusqu'au moment où ils aperçoivent l'ennemi. De même on ne les monte pas quand on les conduit à l'abreuvoir, on les tient toujours par la bride.

On les nourrit de blé non moulu, placé invariablement dans des musettes qu'on attache à leurs mâchoires, et que l'on ne passe pas à un autre. Quand un argamak est vendu, cette musette est comprise dans le marché. On se borne à enlever la poussière ou la sueur de dessus le corps des argamaks avec une queue de vache ou une crinière; on ne les étrille jamais. En été, comme en hiver, on leur jette sur le dos une couverture de laine, sur laquelle on en place une de feutre. Ces couvertures, dont le travail décèle de l'habileté et du goût, sont faites par les Turcomans, et ressemblent souvent aux châles de cachemire. On ne ferre les chevaux que lorsqu'on les emploie dans une expédition, et, dans ce cas, les fers sont minces et sans saillie. Les soins qu'on leur donne vont si loin, que, pour empêcher qu'à la chasse leurs pieds ne soient blessés par les buissons, on les enveloppe depuis le sabot jusqu'au genou, et on préserve leur tête de l'attaque des insectes par des têtières en cuir qui ont des ouvertures étroites vis-à-vis des yeux, de sorte qu'ils peuvent voir sans courir le moindre risque d'être incommodés.

Tous les Kbiviens aisés ont des argamaks pour leur plaisir, et ceux qui sont au service, parce que c'est une obligation pour eux : le khoje che-mehhrem en entretient cinquante, et le khan deux cents. Les meilleurs coureurs valent jusqu'à cent ducats du pays par tête; toutefois le khan est le seul qui les paye cette somme le prix ordinaire est de trente à quatre-vingts ducats, suivant la qualité et la race de l'animal. Tous les argamaks amenés par les Turcomans doivent d'abord être montrés au khan, qui les passe en revue et choisit les meilleurs; souvent il en reçoit quelques-uns en cadeau, et il donne en récompense des khalats.

Pour préparer un argamak à la course, on ne lui donne, pendant cinq jours de suite, que deux livres et demie de foin pour vingt-quatre heures ; pendant tout ce temps, il reste à l'écurie durant le jour; le soir on le fait sortir, et un cavalier, le tenant en laisse et monté sur un cheval kirghiz ordinaire, le fait courir très-vite pendant toute la nuit. La veille de la course, au soir, il est conduit de cette manière jusqu'à des puits éloignés de 30 verst de Khiva: c'est le but de la course, qui commence le lendemain au lever du soleil. La course finie, on promène l'argamak de la même manière pendant vingt-quatre heures, et à différentes reprises on lui donne, par petites portions, deux livres et demie de foin; ensuite il est ramené à l'écurie, et ce n'est qu'au bout de trentesix heures qu'on lui laisse manger du jougari. Plus le cheval est gras, plus longtemps on le promène

« ForrigeFortsæt »