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langue algonquine, sont anthropophages, notamment les Ojibouais et les Potowatomis; mais chez les peuples du Missouri, je n'ai rencontré aucune trace de cette coutume contre nature.

Deux et même trois familles habitent ordinairement en commun une cabane indienne, c'est-à-dire celle du père et celles de ses fils ou gendres mariés. La polygamie est d'un usage universel, et le nombre de femmes qu'un homme épouse varie; le plus souvent il n'en a qu'une, et rarement plus de quatre. Les femmes sont fort adroites pour tous les travaux du ménage, surtout pour peindre les robes de bison. Les femmes des Mandans fabriquent elles-mêmes des perles de verre de différentes couleurs. Pour cela elles pulvérisent celles qu'elles reçoivent des marchands et les remettent sur le feu en leur donnant d'autres formes. Une grande partie du temps des femmes est occupée par le tannage des peaux. Elles savent aussi fabriquer des vases de terre de différentes formes et grandeurs. L'argile dont elles se servent est d'une couleur d'ardoise foncée et devient, par l'action du feu, d'un jaune rougeâtre, comme on le voit aux collines brûlées du Missouri. On mêle cette argile avec du granit réduit en poussière par le feu; une pierre grosse et ronde à la main, l'ouvrière forme le creux du vase en y enfonçant cette pierre, pendant qu'elle l'empêche de se fendre extérieurement et le polit, au moyen d'un morceau d'écorce de peuplier. Quand le vase est achevé, on le remplit intérieurement de copeaux

secs; on en entoure aussi le dehors, après quoi on le brûle, et puis on peut s'en servir pour faire cuire les aliments. L'émail leur est inconnu. Quant à leurs bateaux, on en voit qui sont faits de peau de bison. Ils sont fort légers, parfaitement ronds, tendus sur plusieurs morceaux de bois recourbés et se croisant; un seul homme peut les porter sur ses épaules.

Lorsqu'un jeune Indien a envie de se marier, et qu'il s'est assuré du consentement de sa maîtresse, il s'efforce d'obtenir aussi celui du père. Ce consentement accordé, il amène deux, trois, et quelquefois huit ou dix chevaux, qu'il attache à la cabane de sa fiancée qui les remet à son père; celui-ci prend alors d'autres chevaux, et, s'il n'en a pas assez, ses parents lui en donnent, et il les attache à son tour à la cabane de son gendre futur. Dans ces cas, on a calculé d'avance combien la famille de la femme possède de chevaux, car le nombre doit toujours être égal de part et d'autre on donne, en conséquence, autant de chevaux que l'on croit pouvoir en recevoir en retour. Après cela, la fiancée fait cuire du maïs, et en apporte chaque jour un plat à la cabane de son fiancé. Au bout de quelque temps, le jeune homme se rend à la cabane de sa maîtresse, couche avec elle, et le mariage est conclu. Il arrive souvent que le jeune couple s'établit dans la cabane du beau père, mais souvent aussi ils s'en construisent une nouvelle; quelquefois encore il arrive que les deux époux se séparent de nouveau.

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Le beau-père joue, par la suite, le premier rôle dans la cabane; tout dépend de lui, tout se fait pour lui ; si l'on tue du gibier, c'est à lui que l'on en apporte d'abord la chair. Il y a souvent beaucoup d'enfants dans ces familles indiennes; j'en ai vu plusieurs où il y en avait jusqu'à dix; en général pourtant les mariages sont moins fertiles chez les Indiens que chez les blancs, ce qui provient sans doute de ce qu'ils allaitent leurs enfants pendant plus longtemps. Ils les aiment beaucoup; mais ils en ont souvent dont la santé est faible, ce que j'attribue au travail forcé des mères. Les couches sont en général d'une facilité remarquable, et les femmes ont coutume, aussitôt qu'elles sont délivrées, d'aller se baigner dans la rivière, fût-elle couverte de glaçons. On assure pourtant qu'une Indienne qui épouse un blanc souffre beaucoup plus pour accoucher. Au bout de dix jours on regarde l'enfant comme sauvé, l'époque la plus dangereuse pour lui étant passée; on paye quelqu'un pour lui donner le nom que ses parents ont choisi pour lui. A cet effet, on élève l'enfant dans les bras, au milieu de la cabane, on le tourne de tous les côtés, en suivant le cours du soleil, et l'on prononce le nom à haute voix. Il n'existe chez ces Indiens aucune ombre de discipline pour les enfants; on leur laisse faire absolument ce qu'ils veulent, sans jamais leur rien dire. On s'efforce, par tous les moyens possibles, d'exciter chez la jeunesse le sentiment de l'indépendance et de la volonté. Si, par hasard, une mère fait une observation à son

fils, il lui répondra par un soufflet ou par un coup de pied, et parfois mime il en fait autant à son père, qui baisse la tête et dit : « Celui-là sera un jour un brave guerrier. Les hommes traitent quelquefois leurs femmes si brutalement qu'on en a vu sortir de la cabane pour aller se pendre à un arbre. Les sœurs ont de grands priviléges chez les Indiens; tous les chevaux que les jeunes gens volent ou prennent à la guerre leur appartiennent. Quand un Indien revient d'une expédition à cheval, s'il rencontre sa sœur, il met sur-le-champ pied à terre, et lui donne sa bête. En revanche, s'il désire posséder quelque objet de prix qui appartienne à sa sœur, comme, par exemple, un beau vêtement, il va sans cérémonie le lui demander, et il l'obtient sur-lechamp; si c'est une robe, elle s'en dépouille souvent à l'instant même.

La pruderie n'est pas le défaut des femmes indiennes; elles ont souvent deux ou trois amants et même davantage, et l'infidélité est rarement punie. Il n'y avait, chez les Mandans, qu'une seule femme à qui l'on eût coupé une partie du nez, ce qui arrive si fréquemment chez les Pieds-Noirs. Quand un Indien enlève une femme mariée, le mari se venge en s'emparant des chevaux et des autres objets de valeur que possède le séducteur, qui est obligé de le souffrir. On ne reprend jamais une femme qui s'est laissé enlever. Quand on a épousé une fille aînée, on a des droits sur toutes ses sœurs. Une des principales occupations des jeunes gens est de tenter leur

fortune auprès des jeunes filles et des femmes ; cette recherche et le soin de se parer remplissent presque tous leurs moments. Ils ne trouvent pas beaucoup de beautés cruelles. Le soir, et jusque fort avant dans la nuit, ils parcourent les villages et les maisons, ou bien se rendent d'un village à l'autre. Ils ont une manière toute particulière de publier leurs exploits dans les champs de l'amour, surtout quand ils se rendent dans leurs plus beaux habits auprès de leur maîtresse. Ils croient ne pouvoir mieux lui plaire qu'en lui faisant connaître le nombre de leurs victoires, et ils marquent celui des belles dont ils ont triomphé, par des paquets de rameaux de saule dépouillés de leur écorce et dont l'extrémité est peinte en rouge. Ces bâtons sont de deux espèces ; la plupart ont deux ou trois pieds de long, d'autres cinq ou six. Ces derniers, se portant seuls, sont peints en bandes circulaires alternativement blanches et rouges, dont le nombre indique celui des victoires. L'autre espèce de bâtons, qui sont plus courts, ne sont peints en rouge qu'à la pointe, et alors c'est chaque petite vergette qui fait connaître les triomphes; réunis après cela en un seul paquet, ils forment un faisceau assez volumineux. Les petitsmaîtres indiens portent avec eux plusieurs de ces faisceaux quand ils partent pour une expédition

amoureuse.

S'ils ont eu des relations avec une personne qui portait la robe blanche de bison, ils mettent au haut du bâton un morceau de peau de cette espèce; si,

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