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LES MONUMENTS

DE L’YUCATAN,

PAR M. LE CHEVALIER EMMANUEL DE FRIEDERICHSTHAL.

Lorsque M. Stephens, après avoir visité les antiquités de Copan (1), de Quiché et de Palenqué, vint dans l'Yucatan, son compatriote et compagnon de voyage, M. Catherwood, chargé de dessiner tous les monuments qu'ils avaient examinés de concert, se trouva trop affaibli par la maladie pour continuer ses travaux; aussi la description des édifices de la péninsule est moins complète que les autres. Déjà ils avaient été vus et dessinés par M. Waldeck; divers voyageurs avaient aussi fait mention de ces ruines vraiment étonnantes; leurs récits paraissent souvent merveilleux à beaucoup d'Européens peu habitués à lire les récits des premiers Espagnols qui pénétrèrent dans ces contrées. D'ailleurs, en étudiant les ouvrages de ces derniers, on regrette, comme l'a

(1) Voyez les cahiers d'octobre et de novembre.

ingénieusement observé M. A. de Humboldt, qu'ils ne soient pas accompagnés de figures qui puissent donner une idée exacte de tant de monuments détruits par le fanatisme ou tombés en ruine par l'effet d'une coupable insouciance.

M. de Friederichsthal, secrétaire de la légation autrichienne au Mexique, ami des arts qu'il cultive avec intelligence et succès, avait exploré et dessiné les anciens monuments de ce pays.

Il voulut ensuite aller en Californie. Ses projets furent dérangés par l'anarchie qui désole constamment la république mexicaine. Alors il tourna ses pas vers le Guatemala, qui ne lui offrit pas un spectacle plus consolant. Il reconnut que la civilisation y était au degré le plus bas. L'indolence y est le vice de toutes les classes; et quoique l'esprit public n'y soit pas absolument nul, les hommes qui sont animés par ses inspirations manquent d'union entre eux ou n'ont pas une énergie suffisante pour faire tête aux perturbateurs de la paix publique. Un territoire de 28,000 lieues carrées d'étendue n'y est occupé que par deux millions d'habitants, et ce nombre exigu a plutôt diminué qu'augmenté au milieu des discordes et des troubles des seize dernières années.

« Dans des circonstances si fâcheuses, observe M. de Friederichsthal, l'importante question d'unir l'océan Atlantique avec le Grand-Océan a été complétement oubliée, et je ne crois pas me tromper en disant que l'Europe donne beaucoup plus d'at

tention à ce grand projet que toute la population de l'Amérique centrale, celle-ci ignorant totalement les avantages d'un commerce étendu et les moyens de le favoriser. On ne peut pas non plus espérer que cet état, avec ses ressources bornées, puisse jamais achever un tel ouvrage ; il fut en conséquence proposé avant la dernière guerre d'engager une des maisons de commerce de Paris à entreprendre l'exécution de ce dessein; elle devait avoir pour sa peine la concession des droits de péage, et d'une étendue de 50 lieues carrées en terre.

» Des travaux préliminaires exécutés d'abord par ordre du roi de Néerlande, et ensuite par le gouvernement de l'Amérique centrale, ont non-seulement prouvé la possibilité de rendre la rivière San-Juan navigable, mais ont aussi servi à découvrir deux points où la hauteur de la chaîne des Andes est si peu considérable qu'elle permet d'y couper un passage. A un de ces points, la jonction immédiate du lac de Nicaragua avec le Grand-Océan peut être effectuée par un canal de cinq lieues et demie de long, au sud de la ville de Nicaragua. La langue de terre intermédiaire n'a qu'une élévation de 487 pieds anglais au-dessus du niveau du lac, qui, d'après le rapport officiel des mesures prises par Bailey, est à 128 pieds du Grand-Océan.

» La seconde route partirait du lac de Nicaragua, remonterait la rivière de Tipitapa (1) à travers le lac

(1) La rivière qui joint les deux lacs est nommée Panaloya par M. Lawrance, maître du Thunder, bâtiment de la marine royale

de Managua, en se dirigeant vers la ville de Léon, où les montagnes à couper sont moins hautes que les précédentes, et un canal long de 13 lieues ferait arriver dans la baie de Cochagua. Mais ce second projet serait bien plus dispendieux que le premier, parce que le lac de Managua, qui est de 28 minutes plus élevé que celui de Nicaragua, forme à l'endroit où il se rétrécit, en devenant la rivière de Tipitapa, une cataracte, dont la chute est de 14 pieds; et cette différence ne pourrait être rachetée que par des écluses coûteuses. Toutefois, le plan d'unir les deux océans ne présente aucune difficulté qui ne puisse être aisément vaincue par les ressources du siècle, ou qui ne soit légère en comparaison des bénéfices que l'on est fondé à espérer de l'entreprise effectuée.

>> La province de Chontalès, au nord-est du lac de Nicaragua, présente en général un sol d'alluvion; c'est un pays ondulé, sans caractère bien déterminé, sillonné de ravins et de cours d'eau étroits, et incliné communément vers le sud-ouest. Le porphyre se montre rarement à sa surface.

» La rivière qui, d'après quelques cartes, coule dans le nord de la province sous le nom de rio de Nueva-Segovia, est appelée dans le pays Lama; et

d'Angleterre. En 1840, ce marin remonta en canot le Rio SanJuan pour lever sommairement le plan du lac de Nicaragua Il alla par terre de Granada au Grand-Océan, dont cette ville est éloignée de 22 licues. (Note de l'Éditeur du Journal de la Société de géographie de Londres.)

dans les endroits où les cartes lui donnent le nom de rio Escondido, les Caraïbes la désignent par celui de Siqua. La longueur de son cours est peut-être de 55 lieues. La profondeur du Tipitapa est de 9 à 21 pieds anglais; sa largeur moyenne, de 300 pieds.

>> Nueva-Guatemala, que quelques cartes placent sur les bords du Grand-Océan, en est éloignée de 36 lieues au nord-est, dans l'intérieur du pays. Antigua-Guatemala est à 12 lieues au sud-ouest de la précédente. La côte voisine ne comprend que l'étendue du pays de Zonzonate à Saint-Vincent. L'altitude de l'Antigua-Guatemala est à peu près de 5,000 pieds; sa température moyenne, de 60° (18°), L'altitude des volcans de Agua y Fuego (de l'Eau et du Feu), dans le voisinage, est de 15,000 pieds. Le premier est à une demi-lieue à l'ouest; le second, à une lieue au nord-nord-ouest de la ville: celui-ci est un peu plus haut que l'autre.

» Mixco est à trois lieues à l'ouest de Nueva-Guatémala, et plus élevé d'environ 500 pieds. L'altitude du volcan de Guanacaourè est de 3,000 pieds; celle de l'Atillen, à 25 lieues au nord-ouest d'AntiguaGuatemala, de 12,000 à 13,000 pieds; celle du Coséquinan, à l'extrémité de l'isthme qui entoure au sud la baie de Conchagua, de 1,000 pieds; celle du Nisalco, le plus actif de tous, à 2 lieues au nord-est de Zonzonate, de 1,500 pieds. Ses explosions ne sont pas accompagnées d'un mugissement continuel, mais de détonations violentes qui se font entendre vingt

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