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à cinquante fois dans l'espace de vingt-quatre heures.

» L'île d'Ométépé, dans le lac de Nicaragua, est formée de deux cônes de granit poreux, joints ensemble par un isthme long de 2 lieues, et large de trois quarts de lieue. La longueur entière d'Ométépé est de 9 lieues; sa largeur mesurée à travers las Maderas, montagne de l'est, est de 3 lieues, et à travers la Consuncion, montagne de l'ouest, de 2 lieues. La première manifeste par intervalle une activité volcanique par un soulèvement et un murmure sourd dans l'intérieur ; on dit qu'à son sommet il y a un petit lac d'eau douce. D'après mes observations barométriques, le cerro de la Consuncion a une altitude de 5,000 pieds anglais relativement à l'océan Atlantique (1). Ce mont est boisé, et sur sa pente occidentale une savane large d'un quart de lieue s'étend jusqu'aux deux tiers de sa hauteur. La précipitation de l'eau atmosphérique est si considérable sur son sommet, que nous y enfoncions profondément dans la boue, et que les arbres étaient imprégnés d'humidité. Ce sommet est partagé en deux collines basses, et contient un lac de 132 pas de circonféet ceint au nord-ouest d'un mur de pierre

rence,

(1) La mesure de M. Lawrance donne au pic de Maderas 4,190 pieds, et à celui d'Ométépé 5,050 au-dessus du lac, et celui-ci étant à 128 pieds au-dessus du Grand-Océan dont la hauteur moyenne excède de 3 pieds 52 celle de l'Atlantique (Lloyd, Philosophical Transactions, t. 1, 1830), il en résulte que les deux mesures de l'Ométépé ne diffèrent entre elles que de 70 pieds et demi. (Note de l'Éditeur du Journal de la Société de géographie de Londres.)

haut de 4 pieds : dans la saison pluvieuse il s'écoule à l'ouest et forme plusieurs chutes; des sources l'ali

mentent.

» L'île a deux villages, savoir, Ométépé et Mayagalpa. Le premier est situé au nord-est du pied du cerro de la Consuncion, et compte 1,000 habitants; l'autre, à l'ouest-nord-ouest de la montagne et à 3 lieues d'Ométépé, a 350 habitants. La population totale de l'île, en comprenant les haciendas (fermes) éparses, est de 1,700 âmes.

» J'ai trouvé dans la province de Chontalès des restes de villes et de temples anciens dont les idoles sont à moitié enfoncées dans la terre. Les rives occidentales du lac de Nicaragua, ainsi que le pied du mont Bombacio, offrent de nombreuses traces d'images, d'ornements d'architecture et de vases en pierre. Les îles du lac, notamment Ométépé, semblent avoir servi de sépultures à la population des villes environnantes, qui devaient être très-habitées, car on y rencontre de vastes nécropoles ou villes des morts, ressemblant par leur caractère à celles des anciens Mexicains. "

Ce que Waldeck et d'autres avaient dit des ruines répandues sur la surface de l'Yucatan, aiguillonna le zèle de M. de Friederichsthal, et il résolut d'étendre ses recherches jusque dans cette presqu'île, très-peu connue. « Je vis, dit-il, une contrée pauvre et stérile, bien inférieure à celles qui en général bordent l'océan Atlantique sous la zone torride. Sa surface, qui est une marne pierreuse, couvrant une abon

dance incroyable d'eaux souterraines, reste souvent, sur de vastes espaces, dans beaucoup de parties des cantons habités, nue et entièrement dépouillée de tout sol d'alluvion. Les enfoncements et les bassins particuliers à cette espèce de formation, et où une meilleure terre s'est accumulée, sont propres à la culture.

» On voit aux côtes nord-est et sud de la péninsule des terrains boisés et d'une nature féconde, mais ils sont le lot de l'indolent Indien qui récolte à peine ce que la stricte nécessité exige. Il n'y a pas de montagnes, à l'exception d'une chaîne de collines basses dans l'ouest, et pas une seule rivière ne coule sur cette campagne monotone : voilà pourquoi les pluies sont ordinairement très-rares pendant la saison sèche; aussi est-il extrêmement difficile d'y élever du bétail. L'état de l'Yucatan fut en conséquence si malheureux à toutes les époques, que l'ancien gouvernement espagnol était obligé à des sacrifices continuels pour soutenir son existence.

>> Trois cent cinquante ans se sont écoulés depuis que les hommes de race caucasienne ont mis le pied sur le sol du continent occidental; mais partout où l'Espagnol est devenu le maître, sa jalousie et son avarice ont exclu toutes les autres nations de la moindre relation avec le pays dont il se réservait le monopole.

>> Les récits des premiers conquérants contiennent de nombreux détails sur les édifices magnifiques qu'ils trouvèrent dans le Mexique et l'Yucatan; les

chroniques ecclésiastiques de ces contrées donnent aussi des descriptions très-courtes de ces constructions. L'ignorance et les causes énoncées précédemment détournèrent le gouvernement de toute démarche qui aurait pu faire connaître ces édifices aux étrangers; au contraire, la férocité et le fanatisme ne négligèrent aucun moyen de détruire même les objets les plus innocents, sous prétexte qu'ils avaient appar tenu au paganisme; et le succès de ces efforts fut complet, car il ne subsiste aucune tradition parmi les tribus des Indiens Maya relativement à l'état précédent de leur patrie. Il résulta donc de toutes ces circonstances que ces beaux bâtiments des temps anciens, les seuls témoignages de la puissance et des connaissances des hommes qui les avaient élevés, tombèrent graduellement en ruine, sans avoir seulement excité l'admiration de leurs possesseurs actuels. Des hieroglyphes et des sculptures en relief qui couvraient les murs de ces monuments, et contenaient certainement des renseignements d'une haute importance, maintenant déjoints et brisés, sont devenus de simples curiosités antiques, absolument insignifiantes.

>> Il est considérable le nombre de ces anciens ouvrages, épars sur la surface de l'Yucatan. On les rencontre quelquefois isolés, quelquefois réunis en masses considérables, selon l'apparence des restes des grandes villes. Le canton qui s'étend de la côte de la lagune de Jerm, vers le nord-est, offre surtout une suite presque continue de monticules et de

villes, jusqu'au point où il atteint le sanctuaire de l'île de Cozumel.

» On peut distinguer différentes époques de l'art, dans les constructions de l'Yucatan; elles portent indubitablement des traces d'une identité d'origine avec les ruines de Palenquè. C'est surtout ce que l'on remarque dans les monuments les plus anciens, dont les restes sont composés d'énormes blocs de pierres brutes, posés quelquefois les uns sur les autres, sans aucun ciment qui les unisse. Tels sont les édifices d'un lieu voisin de l'hacienda d'Aké, située à 27 milles à l'est-sud-est de Mérida.

» A Chichénitza, à 84 milles plus loin dans la même direction, lieu qui offre beaucoup l'apparence d'une ville sainte, on trouve des cellules et des murs intérieurs décorés de figures humaines et de signes symboliques taillés dans la pierre, et l'on y voit des colonnades qui, bien que d'une construction lourde, surprennent par leur étendue.

» L'Yucatan a servi de retraite à un peuple avancé dans la civilisation et la culture des arts; probablement ce peuple fuyait devant un ennemi puissant, puisqu'il est venu s'établir dans une contrée aride, pierreuse, privée du bienfait des grands courants d'eau.

>> Partout on trouve des traces des monuments que ce peuple éleva. A peine y a-t-il dans l'Yucatan une ville, une bourgade, une maison de campagne qui n'offre dans ses constructions des restes de pierres sculptées qui ont été enlevées d'un ancien édifice.

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