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>> On peut compter plus de douze emplacements couverts de vastes ruines, annonçant l'existence de villes remarquables par des restes de monuments magnifiques.

» Le désert qui s'étend le long de la côte de la mer des Antilles, depuis le golfe Dulce jusqu'à l'isthme de Darien, n'a pas offert jusqu'à présent de vestiges indiquant que le peuple auquel on doit les monuments de Palenquè, de Quiragua, de Copan, ait émigré au sud de l'isthme; mais la comparaison des édifices observés dans ces lieux montre qu'ils ont tous un caractère général de ressemblance, quoique l'on remarque des différences notables dans leur archi

tecture.

» Ce sont des pyramides à gradins et à terrasses, et dont le sommet est généralement surmonté d'un bâtiment composé de plusieurs chambres. La hauteur de ces pyramides varie de 40 à 120 pieds; l'angle de leur inclinaison, de 54 à 58 degrés.

>> Les vastes dimensions de quelques-unes de ces constructions, et la multitude des sculptures qui les couvrent, suggèrent la supposition qu'une quantité prodigieuse d'esclaves a dû être employée à ces travaux. Les sujets représentés dans les sculptures extérieures, offrent souvent le caractère d'obscénité qui frappe dans quelques monuments religieux des Hindous.

>> On n'a rencontré dans aucun des édifices de l'Yucatan des débris de ces autels sur lesquels on sacrifiait des victimes humaines, comme on voit à

Quichuè et à Guéguéténango : ces derniers, situés dans le bassin du Grand-Océan, étaient-ils élevés par un peuple conquérant et différent de l'autre ? »

Jusqu'à présent on n'avait pas observé dans les ruines américaines l'emploi des colonnes. M. de Friederichsthal a compté 480 bases de colonnes dans un endroit voisin de la ville sacrée de Chichénitza; les fûts sont renversés et couchés dans des broussailles épaisses; elles étaient disposées du nord au sud, sur dix rangs, qui par conséquent en contenaient 48 chacun. On ne voit pas d'autre colonnade dans le reste des ruines de l'Yucatan.

« Une autre sorte d'édifices consiste en pyramides hautes de 18 à 22 pieds; un vestibule conduit dans de petites chambres, dont les ornements font supposer qu'elles étaient consacrées à des divinités d'un ordre inférieur.

» Les habitations, dont on ne peut juger que par les décombres, formaient un carré entourant une cour; l'aile où se trouvait l'entrée était d'une dimension plus petite que les autres : vraisemblablement les domestiques et les esclaves y logeaient.

» Enfin on voit dans l'Yucatan des grands chemins pavés, des remparts peu élevés, construits en moellons entassés sans ordre; des tombeaux entourés de pierres sculptées et ciselées, des citernes très-nombreuses, assez bien conservées; des piliers servant au supplice des criminels, et fréquemment des monolithes devant lesquels s'élèvent des cônes obtus;

on ignore quelle peut avoir été la destination de ces

monuments.

» Les Espagnols ont contemplé tous ces ouvrages avec indifférence, et les ont laissés dépérir.

>> On voit, comme à Palenquè, des édifices à plusieurs étages; l'inférieur a un toit oblique, au dessus duquel s'élève le supérieur. Le caractère des têtes sculptées sur les piliers et les murs diffère de celui des figures humaines des monuments de Palenquè, circonstance qui mérite l'attention de l'observateur.

» Les obélisques, fréquents àCopan, sont inconnus dans l'Yucatan.

>>> Les hauts-reliefs de ces monolithes ne se retrouvent pas non plus dans les sculptures de la presqu'île; mais les physionomies et les ornements du corps ont une ressemblance évidente.

>> Du reste, depuis le cap Catoche jusqu'au pied de la Cordillère centrale, analogie frappante dans le caractère, l'ensemble et les proportions des diverses parties des ouvrages, leur élévation au-dessus du sol, les voûtes en arcades à ogive, l'usage des linteaux en bois, le manque absolu de fenêtres et de toute espèce d'ouverture extérieure ; correspondance manifeste des signes symboliques dans les tableaux hiéroglyphiques.

» L'invasion a dû être effectuée par le nord; probablement les forêts impénétrables de la partie orientale du Mexique couvrent des marques nombreuses de la migration du peuple qui éleva tous ces monu

ments.

» Les particuliers ne pourront jamais suffire aux dépenses nécessaires pour que des explorations dans ces contrées lointaines produisent un résultat utile. »

M. de Friederichsthal a souvent été inquiété dans ses recherches; les ignorants, les superstitieux, les niais les regardaient comme dangereuses au pays, et s'opposaient à ce qu'il les continuât.

De plus, l'altération de la santé du jeune voyageur l'empêcha d'étendre ses explorations sur tous les points dignes de son attention; il n'a pu visiter que les lieux les plus célèbres de l'Yucatan.

Il présente le résultat de ses découvertes à Chichénitza et à Uxmal; la première de ces villes n'a pas encore été nommée par les écrivains qui se sont occupés de l'Amérique centrale.

Chichénitza est située à 33 lieues de Valladolid et à 25 de Mérida, dans une plaine stérile; le seul objet saillant qui aujourd'hui attire les regards, est un téocalli haut de 120 pieds (angl.), placé à l'ouest de la ville. Sa base est de 159 pieds carrés ; les degrés sont étroits et se terminent par une plate-forme de 60 pieds carrés. La base de la face occidentale est ornée de têtes de monstres; 80 marches conduisent à la plate-forme surmontée d'un bâtiment carré. A peu de distance au sud-ouest de ce téocalli, un emplacement uni, bien orienté, long de 494 pieds, large de 118, est bordé à l'est et à l'ouest par deux édifices sacrés, dont les parois extérieures et les piliers de l'entrée étaient couverts d'hiéroglyphes à peine reconnaissables aujourd'hui.

Au nord et au sud deux murs parallèles s'étendent sur une longueur de 262 pieds, leur épaisseur est de 18, leur hauteur, de 27; leur surface est unie; on remarque au milieu deux anneaux en pierre représentant sur chaque face deux serpents entortillés.

Ces murs soutenaient des constructions aujourd'hui écroulées, à l'exception d'un temple soigneusement décoré et formant l'angle occidental de l'un des murs; du côté opposé sont de vastes bâtiments, la colonnade dont il a été question précédemment, et deux téocallis très-remarquables.

L'édifice appelé la casa de las Monjas ( la maison des nonnes) est long de 157 pieds, large de 86, haut de 47. Dans la partie inférieure, il n'y a pas de trace d'ouverture. L'étage supérieur a des chambres nombreuses; les linteaux des portes sont ornés d'hieroglyphes.

Un édifice au nord est revêtu extérieurement de sculptures d'un fini précieux. Sa longueur est de 60 pieds, sa largeur de 35, sa hauteur de 23. Un édifice voisin n'est pas moins remarquable.

En face de la casa de las Monjas, sur une plateforme, une tour s'élève à 50 pieds, son diamètre est de 36; le mur d'enceinte a 756 pieds de contour et 25 de hauteur.

Au sud, sont deux petits temples, ayant leur façade au sud et à l'est; le vestibule du premier est orné d'hieroglyphes.

Au nord de la casa de las Monjas, on rencontre un Décembre 1841. TOME IV.

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