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naire, on ne l'entend pas. Il n'a que deux doigts à chaque patte, un par devant et l'autre par derrière. Il habite les montagnes, où il se construit un nid colossal, grand comme le fort Clarke. Il se nourrit de cerfs et d'autres grands animaux, dont les bois sont entassés autour de son nid. L'éclat de ses yeux forme l'éclair qui précède la pluie. Il perce les nuages et creuse la route à la pluie. Les coups de tonnerre tout à fait isolés et beaucoup plus forts que les autres, sont produits par une tortue colossale qui habite les nuages. Quand la foudre tombe, c'est un signe de colère. Les Mandans croient que les étoiles sont des hommes morts. Quand une femme accouche, une étoile descend sur la terre, et c'est l'enfant qui vient de naître. Après la mort de cet enfant, devenu homme, l'étoile retourne au ciel et s'y montre de nouveau sous sa première forme.

L'arc-en-ciel est un génie qui accompagne le soleil, et qui se fait souvent voir quand il est près de se coucher. Quant à l'aurore boréale, beaucoup de personnes pensent qu'elle est causée par une grande assemblée d'hommes de médecine et de guerriers distingués des diverses nations du Nord, qui y font cuire dans de vastes marmites leurs ennemis tués et prisonniers.

Quand la terre n'existait pas encore, le seigneur de la Vie créa le premier homme. Celui-ci, se promenant sur les eaux, rencontra un canard qui faisait le plongcon. L'homme dit à l'oiseau « Tu

souri, et se chargea de former lui-même la rive sudouest qui est si agréablement diversifiée par des collines, de petites vallées et des bois. L'homme, au contraire, fit tout le terrain uni, avec de grandes forêts à peu de distance de la rivière. S'étant réunis de nouveau, le seigneur de la Vie regarda l'ouvrage du premier homme, et dit en secouant la tête : « Tu n'as pas bien fait cela; tout est en prairie, de sorte que l'on ne peut se mettre en embuscade pour prendre des bisons, ni s'approcher d'eux sans qu'ils s'en aperçoivent. Les hommes ne pourront pas y vivre ; ils se reconnaîtront à trop grande distance; il leur sera impossible de s'éviter, et ils s'entre-tueront les uns les autres. » Il conduisit alors Numank-Machana sur l'autre bord de la rivière et lui dit : « Vois ici, j'ai des sources et des ruisseaux en grand nombre ; j'y ai pratiqué des collines et des vallées, où j'ai placé toutes sortes d'animaux et de beaux arbres. Ici l'homme peut vivre de la chasse et se nourrir de la chair de ces animaux. »>

Cependant le seigneur de la Vie et le premier homme voulurent créer le genre humain. Ils commencèrent leur travail sur les bords du Missouri. Mais afin que l'homme pût se propager, ils lui placèrent la partie nécessaire pour cela sur le front; sur quoi une grenouille sortit de l'eau et leur dit : «Vous faites là une grande sottise, » et il changea la partie de place. « De quoi te mêles-tu? » s'écria le seigneur de la Vie; en parlant ainsi, il frappa la grenouille sur le dos avec son bâton, et c'est depuis

cette époque que la grenouille a le dos bombé. Le premier homme se trouvait un jour sur les bords du Missouri, quand le courant amena près de lui une vache morte dont les loups avaient mangé un des flancs. Sur la rive, il y avait une femme qui dit à sa fille. « Hâte-toi, ôte vite tes habits et traîne la vache à terre. » Le premier homme entendit ce qu'elle disait et lui envoya la vache. La jeune fille mangea de la graisse que le premier homme lui donna, et devint grosse. Honteuse de ce qui lui était arrivé, elle dit à sa mère qu'elle ne savait pas comment elle se trouvait en cet état, puisqu'elle n'avait eu de rapports avec aucun homme. La mère en rougit autant qu'elle. La fille donna le jour à un garçon qui grandit avec rapidité, et ne tarda pas à devenir un vigoureux jeune homme. Il devint immédiatement premier chef de son peuple et premier général parmi les hommes.

Le premier homme dit alors aux Numang-kakes qu'il allait les quitter, et qu'il ne reviendrait plus jamais il se rendait dans l'Ouest ; mais s'ils se trouvaient dans l'embarras, ils n'avaient qu'à s'adresser à lui et il les secourrait. Ils demeuraient près du Natka-Passahé, dans un petit village, quand ils furent entourés d'ennemis qui menaçaient de les détruire. Dans cette grande difficulté, ils résolurent d'invoquer leur protecteur. Mais comment arriver jusqu'au premier homme? L'un d'entre eux proposa de lui envoyer un oiseau; mais les oiseaux ne pou→ vaient pas voler si loin. Un autre dit que sans doute

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l'œil devait pénétrer jusque-là; mais la vue était interceptée par les collines qui entouraient la prairie. Enfin un troisième sentit que le moyen le plus sûr d'atteindre le premier homme était par la sée. Il s'enveloppa donc dans sa robe et se jeta par terre. Au bout de quelques instants il s'écria : « Je pense! j'ai pensé! je reviens! » Il se dépouilla de sa robe et se releva baigné de sueur. Le premier homme va bientôt venir ! » s'écria-t-il. Il vint, en effet, attaqua les ennemis et disparut sur-le-champ. Depuis lors on ne l'a plus revu.

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Cependant les blancs, dans leur inimitié pour les Indiens firent monter les eaux si haut que toute la terre fut submergée. Alors le premier homme inspira aux ancêtres des Numang-kakes l'idée de construire sur une hauteur une tour ou un fort de bois, et leur promit que l'eau ne dépasserait pas ce point. Ils suivirent son avis et construisirent l'arche sur le bord inférieur de la rivière du Cœur ; elle était sur une fort grande échelle, de sorte qu'une partie de la nation y trouva son salut, pendant que le reste périt dans les flots. En souvenir de la généreuse protection que le premier homme leur avait accordée, ils placèrent, dans chacun de leurs villages, un modèle en petit de cet édifice; ce modèle existe encore. Les eaux baissèrent après cela, et aujourd'hui on célèbre, en mémoire de cette arche, la fête d'Okippe. Cette fête dure quatre jours. Toutes les personnes qui veulent s'imposer une pénitence ou faire quelques austérités pour se rendre dignes du sei

gneur de la Vie et du premier homme, viennent le matin dans la loge de médecine. Leur nombre n'est pas fixé ; il est tantôt plus, tantôt moins grand. Tous sont peints sur tout le corps avec de l'argile blanche; ils sont nus et portent leurs robes le poil en dehors et rabattu sur le visage, qui en est tout à fait couvert; arrivés dans la loge de médecine, ils ôtent leurs robes.

Pendant les trois premiers jours de la fête, les pénitents restent tranquilles dans la loge de médecine, sans manger ni boire. Dans la soirée du troisième jour, ils se couchent sur la place du village, loin de l'arche, mais l'entourant en cercle et étendus sur le ventre. Quelques-uns commencent dès lors à se faire martyriser. Ils font présent à quelque homme distingué d'un fusil, d'une couverture de laine, ou de quelque autre objet de prix, pour qu'il veuille bien les faire souffrir. Aux uns on coupe des bandes de peau et de chair sur la poitrine, sur les bras ou bien sur le dos, mais de manière à ce qu'elles restent attachées par les deux extrémités; on y passe une courroie et on lance ainsi le patient par-dessus le bord escarpé de la rivière, où il demeure par conséquent suspendu en l'air; aux autres, on attache à la courroie un crâne de bison, et ils sont obligés de traîner cette lourde masse après eux; d'autres encore se font suspendre par le muscle du dos, ou bien se laissent couper des phalanges des doigts ou élever en l'air par la chair découpée de la poitrine, en laissant pendre des corps pesants à leurs muscles découpés. Ceux qui ont été torturés ce jour-là retournent dès

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