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le soir dans leurs cabanes; mais ceux qui sont assez forts pour jeûner plus longtemps, ne se soumettent à l'épreuve que le quatrième jour.

Les blessures faites dans ces occasions sont pansées, mais elles laissent, pour toute la vie, des cicatrices grosses et enflées. Les crânes des bisons que ces Indiens ont traînés après eux au milieu des souffrances, sont conservés avec soin, et passent des pères aux fils; souvent ils leur servent de talismans; on les garde dans la cabane, et en passant devant, on leur frotte le nez et on leur offre à manger.

Les songes sont en général, chez les Mandans, les motifs de leurs actes religieux et des pénitences qu'ils s'imposent, et ces peuples sont convaincus de la vérité de ce qu'ils voient en songe. Ils ne connaissaient pas encore les armes à feu, lorsqu'un des Indiens vit en dormant une arme à l'aide de laquelle on pouvait tuer son ennemi de fort loin, et peu de temps après les blancs leur apportèrent le premier fusil. Ils virent de même aussi en songe des chevaux avant qu'ils en eussent. Ils font vou, en commençant une entreprise, de sacrifier une phalange d'un de leurs doigts. Ils la coupent et tiennent le moignon dans une poignée d'absinthe. Presque tous les Mandans ont une ou deux phalanges de moins, quelquefois davantage. Il y a encore chez ces Indiens beaucoup d'autres idées et préjugés superstitieux. Ainsi, par exemple, ils croient qu'une personne à qui l'on veut du mal doit nécessairement mourir, si l'on fait une figure de bois et d'argile dans laquelle on introduit, en

porc

place du cœur, une aiguille ou un piquant de épic, et que l'on dépose cette figure au pied d'une construction de médecine. On sait qu'une pratique superstitieuse exactement semblable avait lieu dans toute l'Europe au moyen âge.

Beaucoup de Mandans croient qu'ils ont des animaux vivants dans le corps : l'un, un jeune bison, dont il sent souvent les ruades, d'autres des tortues, des grenouilles, des lézards, un oiseau, etc. Nous vîmes des danses de médecine des femmes, dans lesquelles l'une disait qu'elle avait un épi de maïs dans le corps, que la danse faisait sortir, et que l'on obligeait à rentrer avec de l'absynthe. On raconte encore une foule d'autres événements merveilleux, absurdes et surnaturels. Il y avait une jeune fille qui ne voulait pas se marier et qui n'avait aucun rapport avec des hommes. Une nuit, pendant qu'elle dormait, un homme vint se coucher à côté d'elle, ce qui la réveilla, et elle le vit qui se retirait, vêtu d'une robe blanche. Étant encore revenu les deux nuits suivantes, elle prit la résolution de lui faire une marque pour le reconnaître. Quand il revint, elle lui donna, avec la main qu'elle avait peinte en rouge, un coup sur le dos, ne pouvant pas le retenir. Le lendemain, elle regarda attentivement toutes les robes du village, mais elle ne vit nulle part la marque qu'avait faite sa main, jusqu'à ce qu'enfin elle la découvrit sur le dos d'un gros chien blanc. Quelques mois après, cette jeune fille accoucha de sept petits chiens,

Les Mandans divisent leur année en douze mois, qui sont :

1o Le mois de sept jours froids, qui répond au mois de janvier ;

2o Le mois du rut des loups; c'est notre février 3o Le mois des ophthalmies; mars.

4° Le mois du gibier; quelques-uns l'appellent aussi le mois des oies sauvages, des canards, etc.; avril. On l'appelle encore souvent le mois de la débâcle.

5° Le mois où l'on sème (le maïs) ou le mois des fleurs; mai.

6o Le mois de la maturité du poirier des Canadiens; juin.

7o Le mois de la maturité des cerises; juillet. 8° Le mois de la maturité des prunes; août. 9o Le mois de la maturité du maïs; septembre. 10° Le mois de la chute des feuilles ; octobre. 11o Le mois où les rivières gèlent ; novembre. 12o Le mois de la petite gelée ou la lune du petit froid; décembre.

Les principales occupations des Indiens, après le soin de décorer leurs belles parures, de se regarder dans la glace, de ne rien faire, de fumer, de manger et de dormir, sont la chasse et la guerre : ce sont elles qui remplissent la plus grande partie de leur temps. Leur principal gibier est le bison. Les hommes vont ordinairement à la chasse en corps et à cheval, afin d'être plus en sûreté, dans le cas où ils rencontreraient des ennemis en plus grand nombre

qu'eux. En été, les troupeaux de bisons sont épars au loin dans la prairie, et leur poursuite exige alors plus de temps et d'efforts; mais, en hiver lorsqu'ils se rapprochent du Missouri et cherchent un asile dans la lisière des forêts, on en tue souvent un grand nombre en fort peu de temps. Les Indiens restent parfois huit à dix jours hors de chez eux, dans leurs expéditions de chasse. Ils reviennent ordinairement à pied, parce que tous leurs chevaux sont chargés de viande. Les bisons sont généralement tués à coups de flèches et à la distance de dix à douze pas. Quand il fait très-froid, si les bisons restent malgré cela au loin dans la prairie, comme dans l'hiver de 1833 à 1834, les Indiens chassent peu, aimant mieux souffrir de la faim et ne vivre que de maïs et de fèves, et lorsque, à l'entrée du printemps, on voit beaucoup de bisons noyés descendre la rivière sur les glaçons détachés, les Indiens savent fort adroitement nager entre ces glaçons, sauter par-dessus et ramener les animaux à la rive, où il mangent cette chair à demi pourrie, qui ne leur inspire aucun dégoût. Après la chasse, la guerre est la principale occupation des Indiens; et la gloire des armes est la plus haute à laquelle ils aspirent. On sait que la valeur des Indiens est très-différente de celle des blancs: s'exposer à découvert au feu de l'ennemi ne serait pas, à leurs yeux, de la bravoure, mais de la folie. C'est la ruse qui leur donne la supériorité. C'est dans l'espionnage, dans l'art de cacher leurs mouvements, et dans les attaques au point du jour qu'ils mettent

leur honneur. Celui qui tue beaucoup d'ennemis, sans éprouver lui-même aucune perte, est regardé comme le meilleur guerrier; faire un coup est, pour tous les Indiens de l'Amérique du Nord, l'affaire la plus importante de leur vie.

Quand un jeune homine désire se faire une réputation sous ce rapport, il commence par jeûner de quatre à sept jours, aussi longtemps que ses forces. le lui permettent; il se plaint, il pousse des cris au seigneur de la Vie, il invoque sans cesse le secours des puissances célestes et ne retourne chez lui que le soir pour coucher. Un songe lui indique enfin sa médecine. Si le seigneur de la Vie le fait rêver d'un morceau de bois de cerisier ou d'un animal, c'est un bon signe. Les jeunes gens qui veulent aller à la guerre avec lui ont alors confiance en sa médecine. S'il fait bientôt un coup, sa renommée est consolidée. Mais quel que soit le nombre de coups par lesquels il se distingue, s'il ne fait pas des présents d'objets de valeur, il n'est point considéré, et l'on dit de lui qu'il a fait, à la vérité, beaucoup de coups, mais qu'il est aussi à plaindre que ceux qu'il a tués. Après le combat, on n'enterre point les morts; si on n'a pas le temps de les emporter, on les laisse sur le terrain. Les scalps, que les Canadiens appellent des chevelures, se conservent souvent pendant fort longtemps attachés à de petites ficelles, après quoi l'on se sert des cheveux pour orner les habits des hommes. La peau de la tête de ces scalps se peint ordinairement en rouge en dessous. Les Mandans

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