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ne martyrisent jamais leurs prisonniers, comme les nations de l'Orient et les Pahnis. Aussitôt qu'un prisonnier est entré dans un village et y a mangé du maïs, on le regarde comme faisant partie de la nation même, et personne ne l'insulte. Mais il est arrivé souvent que les femmes sont allées au-devant d'un prisonnier, et l'ont tué avant qu'il n'entrât au village, surtout lorsque leurs maris ou leurs fils avaient péri dans le combat. Il est rare que les Indiens fassent des prisonniers du sexe masculin dans leurs combats. On les tue en général tous.

Les plaies guérissent chez les Indiens avec une étonnante rapidité. Dans les blessures faites par des flèches, on a coutume de faire traverser toutes les chairs par la flèche pour que le fer n'y reste point. Il arrive souvent que, dans les combats, des hommes et des femmes sont scalpés, qui reprennent ensuite connaissance et guérissent. Ces graves blessures à la tête se frottent avec de la graisse, et l'homme de médecine les ferme en chantant. Les Indiens éprou vent assez souvent des maladies. Ils sont sujets à des ophthalmies; il y en a beaucoup de borgnes ou qui ont une taie sur un des yeux. Dans les inflammations des yeux, ils ont coutume de se gratter le globe de l'œil avec une espèce d'herbe tranchante comme une scie, jusqu'à ce que le sang coule, et c'est peutêtre à cela qu'il faut attribuer la perte de cet organe. Ils souffrent aussi beaucoup de rhumatismes, de toux, et d'autres maux semblables, ce dont il ne faut pas s'étonner, puisqu'ils vont à demi nus dans

les plus grands froids et se baignent dans de l'eau glacée. Les bains de vapeur qu'ils prennent dans une cabane hermétiquement fermée, où l'on jette de l'eau sur des pierres échauffées, ont souvent des résultats très-favorables. En sortant de ces bains, ils vont se rouler dans la neige ou se jeter dans la rivière au milieu des glaçons; mais ils ne rentrent pas après cela dans la chaleur comme on le fait dans les bains russes. On dit que plusieurs Indiens sont morts subitement pendant l'emploi de ce remède. Il y en a qui souffrent de la goutte et dont les membres se déjettent; mais tous ceux qui ont pu supporter ces remèdes violents, en sont ensuite beaucoup plus forts et plus endurcis. Parfois aussi ils se font piétiner partout le corps et surtout sur le ventre. On marche alors sur eux avec tant de force qu'il en résulte des squirres aux entrailles et des tumeurs au foie. Le bain de vapeur s'emploie contre toutes les maladies. La vaccine, dont l'introduction n'a éprouvé aucune difficulté chez plusieurs nations aux environs des grands lacs, et notamment chez les Ojibouais, n'a point encore été mis en usage chez les Mandans. L'hémoptysie n'est pas rare chez eux; mais il n'y a pas de phthisies proprement dites. La gonorrhée est très-commune; ils prétendent que toutes les variétés de maladies vénériennes leur ont été apportées par les Corbeaux de par delà les montagnes Rocheuses. Dans ces maladies, ils se placent au-dessus d'un réchaud, mais il leur arrive souvent de se brûler. Les bubons se coupent dans leur lon

gueur, après quoi le malade court pendant trois quarts de lieue, aussi vite qu'il peut.

Quand un Mandan ou un Meunitarri vient à mougir, on transporte le corps à deux cents pas du village, où on le place sur un échafaudage étroit, de six pieds de long, et reposant sur quatre pieux d'une dizaine de pieds de haut; mais auparavant on l'enveloppe dans des robes de bison et dans une couverture de laine. Le visage, qui a été peint en rouge, est tourné vers l'orient. Un grand nombre de ces échafaudages entourent leurs villages, et quoiqu'ils avouent que cet usage est nuisible à la santé des habitants, ils n'y renoncent pourtant pas. Les corbeaux se perchent d'ordinaire sur ces échafaudages, et les Indiens n'aiment pas ces oiseaux parce qu'ils mangent la chair de leurs parents. Quand on demande à un Mandan pourquoi ils n'enterrent pas leurs morts, il répond: « Le seigneur de la Vie nous a dit, à la vérité, que nous venions de la terre et que nous y retournerions; mais nous avons pourtant commencé depuis peu à placer les corps des défunts sur des échafaudages, parce que nous les aimons et que nous voulons pleurer en les regardant. » Ils croient que chaque homme a quatre âmes, une noire, une brune et une d'une couleur claire; que cette dernière seule retourne vers le seigneur de la Vie. Ils disent qu'après la mort on va habiter plusieurs villages, situés vers le Midi, et qui sont souvent visités par les dieux. Les hommes vaillants et distingués vont au village des bons, et les mé

chants vont dans un autre. Ils y vivent comme ils vivaient auparavant; ils y ont des aliments et des femines; ils chassent et font la guerre. Ceux qui ont bon cœur et font beaucoup de présents aux autres, retrouvent là de tout en abondance; leur existence est conforme à la conduite qu'ils ont tenue sur la terre. On m'a dit pourtant qu'une partie des Mandans a changé d'opinion à ce sujet, et dit qu'après la mort on va habiter le soleil ou l'une des étoiles.

Ils portent le deuil de leurs morts pendant une année entière; dans ces occasions ils se coupent les cheveux, s'enduisent le corps d'argile blanche ou grise, et se font fréquemment des entailles aux bras ou aux jambes avec un couteau ou une pierre à fusil tranchante, de sorte qu'ils paraissent tout couverts de sang. Dans les premiers jours qui suivent le décès, on n'entend que des pleurs et des gémissements. Lorsqu'nn Mandan est tué à la guerre et que la famille en reçoit la nouvelle, sans que l'on ait pu rapporter le corps, on roule une peau de bison et on la porte hors du village. Tous ceux qui veulent pleurer le mort se rassemblent et jettent sur le cénotaphe une foule d'objets de valeur, dont ils font présent aux assistants, pendant que la famille se coupe les cheveux, pleure et gémit.

La langue des Mandans est difficile à prononcer pour un Français ou pour un Anglais, mais beaucoup moins pour un Allemand ou un Hollandais, parce qu'ils ont une foule de syllabes gutturales,

comme ach, och, uch en allemand. Il n'y a qu'un petit nombre de syllabes nasales; mais en revanche ils parlent souvent en entr'ouvrant à peine la bouche, d'une manière fort indolente, et en adoucissant beaucoup les voyelles. L'accentuation est d'une haute importance à observer.

Les noms mandans ont toujours une signification; ils expriment parfois des sentences tout entières. Tous les objets dont ils sont entourés servent à donner des noms; comme par exemple :

Mato-Monochike (ch guttural); l'ours qui est un

esprit.

Kouha-Handé (l'h nasale); j'entends venir. Taminsické-Kuhpa-Kohé-Chiké (ch guttural); il y en a sept qui ont épousé de vieilles femmes.

Je remarquerai, en terminant, que l'on a prétendu avoir rencontré dans l'Amérique septentrionale des Indiens qui parlaient la langue gaëlique, et on l'a dit entre autres des Mandans; mais on sait aujourd'hui depuis longtemps que cette assertion est sans fondement; comme aussi celle qui attribuait aux Mandans une peau plus blanche qu'aux autres Indiens. J.-C.

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