Billeder på siden
PDF
ePub

l'on faisait contre lui, ou de faire interroger les témoins par un avocat. Toutes ses prétentions furent rejetées. La cour des directeurs refusa une audience à l'agent qu'il avait envoyé en Angleterre, et contesta la régularité de ses pouvoirs. On repoussa même la demande qu'il fit, au nom de son maître, pour obtenir une enquête sur sa conduite. Il serait mort de faim à Londres sans la charité de quelques individus.

Dans les débats qui ont eu lieu dernièrement, le gouvernement de Bombay a été accusé hautement, par le major général Robertson, d'avoir récompensé le parjure, suborné des témoins, et fait grâce à des voleurs et à des brigands qui avaient consenti à devenir les accusateurs du rajah; par le général Lodwick, d'avoir menti; par M. Sheppard, l'un des directeurs, de s'être emparé des propriétés personnelles du rajah, et d'une telle série de cruautés, d'injustices, de vexations, de négligence et de crédulité, que jamais, de mémoire d'homme, pareilles accusations n'ont été proférées contre aucune autorité britannique.

La conclusion fut digne de toutes les manœuvres qui l'amenèrent. On n'ignorait pas que le rajah était un homme d'un caractère élevé, fier de la gloire de ses ancêtres, et qui estimait son honneur plus que sa vie. On résolut donc adroitement de lui offrir une amnistie pour tout ce qui s'était passé, s'il consentait à signer un document par lequel il reconnaissait qu'il était un traître, qu'il avait violé le traité de

1817, et que, par sa perfidie et son ingratitude, il avait perdu tous ses droits à la bienveillance de l'Angleterre. On exigea aussi qu'il récompensât son frère, homme perdu de débauches, et qui s'était mis à la tête de toutes les conspirations que l'on avait tramées contre lui; que lui s'ayouât traître, et n'avoir capté la bienveillance du gouvernement de Bombay qu'en lui dénonçant des complots auxquels il reconnaissait avoir pris part. On demandait enfin qu'il accordât son pardon et des pensions à des hommes qui, depuis de longues années, n'avaient cessé de comploter contre lui; mais on ne dit pas un mot des jaghires que l'on retenait injustement, et qui avaient été la cause première de tout ce débat. On n'ignorait pas, en faisant ces propositions au rajah, qu'il s'y refuserait hautement; car il avait déclaré plus d'une fois que l'honneur lui était plus cher que la vie, et qu'il ne signerait jamais une chose fausse.

Le gouverneur de Bombay se rendit à Sattarah avec le plus ancien membre et le secrétaire du conseil, et ayant fait amener devant lui le rajah comme un criminel, il lui présenta à signer un document rédigé en langue mahratte qu'il avait apporté avec lui. En un mot, il lui offrit de rester sur le trône s'il voulait se reconnaître pour un misérable. Le rajah lui répondit noblement : « Prenez mon trône et mes États; prenez tout ce que je possède, mais faites-moi juger; accordez-moi ce qui n'est pas refusé au plus grand criminel; mais je n'avouerai jamais ce qui est faux. J'ai

toujours regardé les Anglais comme mes amis; je n'cn ai pas d'autres; mais je ne consentirai jamais à conserver mon trône en me déshonorant. » Ce touchant appel à la justice, la demande même qu'il fit au gouverneur de lire la justification écrite qu'il lui présenta, furent durement repoussés, et les principes les plus sacrés furent indignement foulés aux pieds. Quelques heures après cette scène, au milieu de la nuit, le palais du rajah est cerné par un détachement de soldats anglais. Son propre frère, profitant dų moment où tout le monde est plongé dans le sommeil, les conduit dans la chambre où il repose, et leur ordonne de s'emparer de sa personne et de le massacrer s'il résiste. Le noble prince est jeté à demi nu dans un palanquin, On s'empare en même temps de sa famille et de Ballah-Sahib, général de sa petite armée et le plus fidèle de ses serviteurs; avant le lever du soleil, ils étaient en marche pour Benares comme prisonniers d'État, Pour juger la manière dont ils furent traités, il suffit de dire que l'épouse de Ballah-Sahib accoucha pendant la route, que l'on refusa de s'arrêter pendant un seul instant, et que la mort de l'enfant en fut la conséquence. Le père, qui avait refusé de prendre place dans le même palanquin que le rajah, et qui avait fait toute la route à pied, fut saisi d'une fièvre violente causée par la fatigue et le désespoir. On lui refusa l'assistance d'un médecin, et on le jeta dans un palanquin que l'on parvint à se procurer; le lendemain on n'y trouva plus que son cadavre.

Appa-Sahib, le dénonciateur et le bourreau de son frère, que tous les résidents qui s'étaient succédé à Sattarah avaient dépeint comme le dernier des misérables, est placé sur le trône. L'argent et les joyaux du rajah, fruits de longues années d'ordre et d'économie, sont confisqués et partagés entre ses persécuteurs.

Aussitôt que la nouvelle de cette indignité fut arrivée en Angleterre, sir Charles Forbes et quelques hommes honnêtes la dénoncèrent à haute voix dans le sein de la Compagnie. Mais sir James Carnac, avant d'être nommé gouverneur de Bombay, avait longtemps soutenu le ministère dans le parlement et sir John Hobhouse, président du bureau du contrôle, a déclaré qu'il le soutiendrait à tort ou à raison, et qu'il saurait bien empêcher ces têtes à turban de venir apporter leurs réclamations en Angleterre. Aussi, sans attendre que la cour des directeurs eût examiné les actes de cette affaire, qui comprennent plus de douze cents feuillets in-folio, on se hâta d'écrire à Bombay que l'on approuvait tout ce qui s'était passé, de sorte que tous ceux qui ont trempé dans ce mystère d'iniquité n'ont plus qu'à jouir du fruit de leurs crimes. T.-C.

BULLETIN.

ANALYSES CRITIQUES.

Incidents of travels in central America, Chiapa and Yucathan; by John L. Stephens. (Evénements de voyages dans l'Amérique centrale, Chiapa et le Yucatan, par John L. Stephens.) New-York, 1841, 2 vol. in-8°.

L'Amérique centrale est à la fois une des parties de l'Amérique espagnole qui a été le moins souvent visitée et décrite, et celle qui renferme le plus d'antiquités remarquables. Sous ce double rapport, l'ouvrage de M. Stephens est donc une publication fort importante. Chargé d'une mission spéciale auprès du gouvernement du Guatemala, M. Stephens quitta New-York, le 3 octobre 1839, à bord d'un brick anglais destiné pour les établissements britanniques de la baie de Honduras, et arriva le 30 du même mois au port de Balize, où le colonel Macdonald s'empressa de lui offrir un logement dans l'hôtel du gouvernement et de mettre à sa dis

« ForrigeFortsæt »