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lequel, d'après le récit d'un vieillard qui vient de mourir depuis peu, habitait treize villages ou même davantage; mais la petite vérole et les ennemis en ont si fort diminué le nombre qu'ils sont réduits aux deux villages qui se trouvent aujourd'hui auprès du Fort Clarke. Ce sont MihToutta-Hangkouche (le village du midi), à trois cents pas environ du fort et sur la même rive; et Rouhptare (ceux qui se retournent), à trois milles plus haut et aussi sur la même rive. Le premier comptait, pendant notre séjour, soixante-cinq cabanes, et renfermait environ cent cinquante guerriers; le second avait trente-huit cabanes et quatrevingt-trois guerriers. Il résulte de là que cette nation ne possédait pas à cette époque plus de deux cent trente-trois à deux cents quarante guerriers sur une population totale de neuf cents à mille âmes.

Les Mandans sont une race d'hommes vigoureux, bien faits et de taille moyenne ou un peu audessus ; il y en a fort peu que l'on puisse appeler petits. Celui de qui la taille était la plus élevée avait cinq pieds dix pouces deux lignes, mesure de Paris. En général, ils sont forts, robustes, charnus, et ont les épaules larges; il y en a aussi plusieurs d'élancés et ceux-ci ont les membres un peu grêles; les traits de leur visage sont semblables à ceux de la plupart des Indiens du Missouri; mais ils ont le nez moins aquilin et les pommettes moins saillantes. Leurs yeux sont longs et étroits, d'un brun foncé, parfois un peu rabaissés et serrés à l'angle intérieur,

surtout chez les enfants, mais moins souvent chez les adultes. Ils ont la bouche souvent large, grande un peu proéminente et les côtés de la mâchoire inférieure larges et anguleux. La forme de leur crâne offre de grandes variétés; en général, pourtant, je n'ai pas trouvé qu'ils eussent le front plus évasé que les Européens, bien qu'il y ait à cet égard quelques exceptions. Ces Indiens ont les cheveux longs et forts, plus ou moins lisses, noirs, mais rarement aussi foncés et aussi brillants que ceux des Brésiliens. Beaucoup d'enfants ne les ont que d'un brun foncé, surtout à l'extrémité, et Bradbury parle aussi des cheveux bruns des Mandans. Il se trouve parmi eux des familles tout entières, comme chez les Pieds-Noirs, où la chevelure est grise ou noire mêlée de blanc, de sorte que toute la tête paraît être grise; telles sont, par exemple, les familles de Sih-Chide et de Mato-Chihé; cette dernière était surtout remarquable sous ce rapport; elle avait les cheveux, par touffes, brunâtres, noirs, gris d'argent, mais surtout gris blanc et les cils tout à fait blancs, ce qui faisait un très-singulier effet dans un homme d'ailleurs vigoureux et bien taillé, de l'âge de vingt à trente ans. Ils laissent croître leurs cheveux et les allongent même artificiellement tant qu'ils peuvent ; ils ont les dents, comme tous les Indiens du Missouri, remarquablement belles, fortes, fermes, blanches comine de l'ivoire et parfaitement rangées; on y observe fort rarement des défauts ou du vide, même chez les personnes âgées. Les femmes sont assez fortes; quel

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ques-unes sont grandes, mais la plupart petites et trapues; on en voit peu que l'on puisse appeler belles, même à la manière indienne; il y a cependant parmi elles des visages fort passables et quelques-unes même sont jolies. On rencontre fort rarement, parmi les Mandans, des individus naturellement difformes ou contrefaits; j'ai remarqué cependant un petit homme bossu, et un autre qui louchait. En revanche, on en voit beaucoup de borgnes ou avec une taie dans l'œil. Il y a plusieurs sourds-muets; j'ai connu deux frères et une sœur qui avaient apporté ce défaut en naissant. Un petit nombre de goîtres ou plutôt de gros cous, que j'ai remarqués chez les femmes, provenaient apparemment des efforts qu'elles avaient faits en portant des fardeaux. Beaucoup de personnes manquent de quelques phalanges des doigts; mais cette particularité rentre dans la classe des mutilations volontaires.

La couleur ordinaire de ces Indiens est un beau brun, tantôt rougeâtre, tantôt plus ou moins foncé et que l'on pourrait aussi parfois désigner par le terme de cuivré. Chez les uns il tire sur le gris, chez d'autres il est plus jaune. Quand ils se lavent avec soin, on en trouve parmi eux dont la peau se rapproche beaucoup du blanc et qui ont même une nuance de rose sur les joues. Ils se percent le bord postérieur des oreilles, et y suspendent des rangs de perles en verre, des anneaux plus ou moins grands en cuivre ou en fer, ou des coquillages enfilés, qu'ils reçoivent en échange d'autres

tribus indiennes. Ces Indiens sont vains, ils se parent volontiers, et les jeunes gens portent habituellement de petits miroirs suspendus au poignet par un ruban large ou un cordon de cuir. Les marchands leur vendent ces miroirs dans des étuis de carton, qu'ils ne tardent pas à remplacer par des cadres solides en bois, ornés de différentes façons; parfois ce cadre est fort grand, fendu en haut comme un tire-botte et orné de clous de cuivre, de rubans, de cuir et de plumes. Le petit-maître indien se regarde souvent dans ce miroir, et quand il a traversé le pays, surtout par le vent violent qui y règne si fréquemment, il ne manque pas de prendre sur-le-champ ce petit meuble à la main pour rajuster avec le plus grand soin sa toilette. De toutes les parties du corps, c'est la tête dont ils s'occupent le plus; ils portent les cheveux divisés en travers par le milieu; ceux de devant sont lissés et ordinairement partagés en trois tresses plates, deux desquelles retombent de chaque côté des tempes ou derrière les yeux et sont en général entrelacées. C'est à cette queue qu'ils portent un ornement qui se compose de deux morceaux de cuir ou de drap, garnis de grains de verre blancs ou bleu clair, et noués au milieu avec du fil de laiton. Entre ces deux tresses de cheveux, si singulièrement ornées, pend au milieu du front, et jusque sous le nez, une autre bande de cheveux, plate et lisse, coupée en travers par le bas, et nouée par un ruban rouge. Les cheveux du derrière de la tête retombent en arrière; ils sont lisses, partagés en plusieurs queues,

et descendent jusqu'au bas des reins; ils sont pétris çà et là avec de l'argile blanche ou d'un brun rouge clair, en sorte qu'ils forment de longs cordons entièrement plats d'un pouce et demi à deux pouces de large. Quand l'Indien n'a pas les cheveux naturellement longs, il les allonge souvent par des cheveux étrangers, entre autres par ceux des ennemis qu'il a tués, et qu'il y attache avec de la résine. Quand ces Indiens vont en voyage ou à la chasse, et ne sont par conséquent pas en grand costume, ils nouent leurs longs cheveux en une épaisse touffe. Quand, au contraire, ils sont in fiocchi, ils fichent dans leurs cheveux des plumes de différentes espèces; parfois c'est un demi-cercle de plumes d'oiseaux de proie, s'écartant comme des rayons, ou bien une touffe de plumes de corbeau placée de même; tantôt une épaisse touffe de plumes de hibou, tantôt de petites rosettes de larges plumes de corbeau coupées court, du milieu desquelles s'élève, en forme d'éventail, queue d'un oiseau de proie. Ces Indiens portent aussi un grand bonnet de plumes cornu, fait de bandes blanches d'hermine, ayant par derrière une large bande de drap rouge retombant jusqu'au mollet, sur laquelle est attachée une crête droite de plumes d'aigle, blanches et noires, qui commence à la tête et se prolonge en rang serré jusqu'au bout. Il n'y a que les guerriers distingués, qui ont tué beaucoup d'ennemis, à qui il soit permis de porter ce bonnet.

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Les guerriers particulièrement distingués, quand

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